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Existe-t-il un niveau où le taux de change du dollar canadien serait idéal pour les agriculteurs canadiens ? Qui bénéficie le plus de la faiblesse du dollar ? Quels sont les effets de cette faiblesse sur les échanges commerciaux (considérés du point de vue de l’entreprise agricole) ? Au cours de cette baladodiffusion, Keith Ferley, conseiller en contrats à terme sur marchandises, RBC Dominion valeurs mobilières, présente une vue d’ensemble du rôle que jouent les taux de change dans la gestion d’une entreprise agricole.
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La série L’entreprise agricole, qui vous est offerte sur le site RealAgriculture.com (site en anglais seulement), est une présentation de RBC Banque Royale.
KH : L’activité des fermes canadiennes s’inscrit dans un contexte mondial, de sorte que le cours des monnaies et les taux de change peuvent influer fortement sur les prix des récoltes, du bétail et des autres produits agricoles canadiens. On se rappellera que, dans un passé pas tellement lointain, la valeur du dollar canadien a atteint 1,10 $ US. Depuis quelque temps, toutefois, le dollar canadien se négocie dans les 0,70 $ US. On parle donc d’une large fourchette de fluctuation qui a une incidence sur tous les prix du secteur, tant ceux des intrants achetés par les agriculteurs que ceux des extrants qu’ils vendent. Chaque opération d’achat et de vente s’inscrit en effet dans une chaîne logistique sur laquelle s’exerce, à un point ou à un autre, un taux de change. Mon nom est Kelvin Heppner. Bienvenue à cet épisode de la série L’entreprise agricole produite par Real Agriculture – série portant sur la gestion d’une entreprise agricole. Au cours de cet épisode, nous allons nous demander ce qu’est le risque de change et comment le gérer. Est-il vrai de dire que les agriculteurs canadiens, étant pour la plupart des exportateurs, sont favorisés par la faiblesse du dollar canadien ? Peut-on dire qu’il y a un niveau où le taux de change serait idéal pour eux ? Quels sont les outils et les façons de faire permettant à un agriculteur de protéger son entreprise contre les fluctuations importantes du taux de change ? Quel est le moment qui convient le mieux pour bloquer un taux de change ? Nous discuterons de tout cela dans quelques instants avec Keith Ferley, de RBC.
Real Agriculture a le plaisir d’accueillir Keith Ferley. M. Ferley est conseiller en contrats à terme sur marchandises à RBC Dominion valeurs mobilières. Keith, dans le secteur agricole canadien, un secteur axé sur l’exportation, est-ce que les fluctuations des taux de change – et leurs incidences sur le prix du bétail ou du canola – peuvent influer sur la rentabilité des fermes canadiennes ?
KF : Bien sûr ! Récemment, la valeur du dollar canadien a fléchi considérablement – ce qui a beaucoup favorisé les agriculteurs qui exportent leurs produits vers les États-Unis ou d’autres pays. La plupart des produits agricoles, notamment les grains comme le canola, le soya, etc., se négocient en dollars américains. Par conséquent, même lorsque le canola est produit au Canada, puis vendu au Japon ou à la Chine, l’opération se déroule normalement en dollars américains. Quand le dollar canadien perd de la valeur, nos produits – canola, porc, bétail – deviennent meilleur marché pour les acheteurs étrangers. Certains de nos agriculteurs, selon les produits qu’ils vendent et les pays auxquels ils les vendent, sont grandement favorisés par cette situation.
En ce qui a trait au blé, nous avons observé une certaine frustration chez les producteurs canadiens. Ceux-ci auraient aimé que les prix auxquels ils vendent leur blé aux États-Unis ou à l’élévateur local soient plus sensibles à la faiblesse du dollar canadien. Je n’ai pas de réponse ou de solution simple à ce problème, qui suscite clairement de la frustration chez les producteurs. Je crois que nous sommes en présence d’un marché encore jeune et soumis à des changements importants – et cette situation en évolution continue de générer des « douleurs de croissance » pour le marché local et l’Ouest canadien.
KH : De façon générale, peut-on dire que la faiblesse du dollar canadien favorise l’agriculture ? Ou existe-t-il un niveau où la valeur du dollar canadien par rapport au dollar américain est idéale pour les agriculteurs canadiens ?
KF : La faiblesse du dollar canadien est avantageuse pour nous parce que nous sommes des vendeurs nets. Nous produisons, nous faisons pousser des choses, puis nous les exportons – sauf la petite fraction destinée à notre marché local. La situation est la même que dans le secteur de l’énergie, où la faiblesse du dollar canadien avantage le Canada en tant qu’exportateur de pétrole brut. Par contre, lorsque nous regardons les choses d’un point de vue de consommateur, nous voyons une situation inverse. Dans l’ensemble, bon nombre des machines utilisées au Canada sont importées des États-Unis. Ce mouvement a indéniablement ralenti lorsque les prix de ces machines ont soudain grimpé de 10 % ou 20 % par rapport à ce qu’ils étaient quelques années plus tôt – tout cela en raison du taux de change. Peut-être une petite fraction de ces hausses est-elle due à une augmentation du prix des matières premières et de certains autres coûts. Mais essentiellement, c’est l’évolution récente du taux de change qui a nui aux producteurs habitués à acheter des camions et des machines fabriqués à l’extérieur du Canada. Sur ce plan, nous sommes défavorisés, et la situation actuelle devrait modifier les mouvements transfrontières.
Je ne peux pas dire qu’il existe un taux de change idéal. Chacun a ses préférences à cet égard. Certains aimeraient voir de nouveau un dollar canadien valant 0,60 $ US – parce que cela favoriserait leurs ventes de canola ou de blé. D’autres, adoptant un point de vue de consommateur, préféreraient un dollar canadien à 1,10 $ US, niveau atteint brièvement en 2007. Le point d’équilibre, dans tout cela, ce sont les marchés qui tentent de le déterminer. La Banque du Canada a réduit ses taux deux fois dans les six derniers mois, et il est clair que ces interventions ont exercé une pression à la baisse sur le dollar. La banque centrale cherche à stimuler l’économie afin de maintenir la croissance, qui a été freinée par le ralentissement dans le secteur pétrolier. Ce contexte explique dans une large mesure la faiblesse ou le repli important du dollar que nous avons observé ces derniers mois.
KH : Pourriez-vous donner des détails sur la relation entre les taux d’intérêt fixés par la banque centrale et la valeur du dollar ?
KF : Le principal lien entre la monnaie et les taux d’intérêt concerne l’évolution de certains facteurs, comme l’inflation. Dans quel sens les choses évoluent-elles ? Quel est le taux d’inflation ? Quelle est l’opinion qui fait consensus : les taux vont-ils continuer de baisser ou remonter ? Et les deux réductions de 25 points de base du taux directeur – qui a été abaissé de 50 points en tout jusqu’ici – nous ont enlevé le très léger avantage que nous détenions probablement par rapport aux États-Unis en ce qui a trait aux taux d’intérêt. Et donc, du point de vue des investisseurs qui détiennent des placements sensibles aux taux d’intérêt, le Canada ne possède plus l’attrait particulier qu’il avait. Cela se traduit par des sorties de capitaux du marché canadien, et donc par des pressions à la baisse sur le dollar canadien.
KH : En somme, cela a trait aux taux de rendement qu’obtiennent les investisseurs en dollars canadiens, ainsi qu’à d’autres aspects de ce genre ?
KF : Exactement.
KH : Nous nous intéressons habituellement au cours du dollar canadien par rapport au dollar américain. Mais, comme vous le mentionniez, nous exportons dans le monde entier. Il est donc sans doute aussi important d’examiner les interactions entre d’autres monnaies – notamment entre le dollar américain et l’euro ou certaines autres monnaies dominantes.
KF : L’euro retient beaucoup l’attention ces derniers temps en raison de difficultés en Europe qui se sont répercutées dans l’ensemble du marché mondial. Nos auditeurs ne sont peut-être pas familiarisés avec les prévisions qui avaient été faites au sujet du cours de l’euro. L’euro vaut plus cher que le dollar américain. L’écart entre ces deux monnaies a été considérable. Depuis quelque temps, un euro vaut environ 1,10 $ US, mais auparavant sa valeur a atteint 1,30 $ US. Cela signifie que pour acheter 100 euros, il fallait alors 130 $ US. Mais l’euro s’est beaucoup déprécié depuis. Certains commentateurs avaient annoncé la parité prochaine entre les deux monnaies – disant que l’écart se rétrécirait peu à peu jusqu’à la parité. Mais la baisse de l’euro s’est interrompue. Après avoir perdu de la valeur, pour atteindre 1,08 $ US, celui-ci s’est stabilisé autour de 1,10 $ US. Cette faiblesse de l’euro favorise les acheteurs de produits européens. En Europe, les fabricants d’automobiles comme Volkswagen ou BMW espèrent qu’elle se maintiendra. En tant qu’exportateurs, ils sont favorisés par les pressions à la baisse qui s’exercent sur leur monnaie. Un euro fort, pour eux, ce n’est pas avantageux. En ce qui nous concerne, l’Europe n’est pas un marché important pour nos exportations de grains – par exemple, le canola. Nos exportations de ce type sont surtout destinées à la Chine et au Japon, ainsi qu’aux États-Unis. Ces marchés sont des clients plus importants pour ce genre de produits canadiens. En ce qui concerne le blé, nos exportations à destination de diverses régions du monde varient en fonction de nombreux facteurs, dont la qualité, le type de grain (par exemple, le blé durum), etc. En Europe, certains marchés recherchent un produit particulier, et sont donc un peu moins sensibles aux taux de change.
KH : Sur la question des exportations, nous savons qu’un dollar américain plus faible stimulerait les exportations américaines de maïs, de soya et de bétail, mais pour nous, cela représenterait la perte de l’avantage que constitue la faiblesse relative du dollar canadien. Peut-on dire cependant qu’un dollar américain faible, qui favoriserait les exportations nord-américaines, aurait aussi une incidence sur les prix que touchent les agriculteurs canadiens ?
KF : Oui. Un dollar américain plus faible accroîtrait la compétitivité des produits américains. Cela dit, on a beaucoup parlé de l’appréciation du dollar américain par rapport à l’euro et à certaines autres monnaies. De nombreux observateurs voient dans la situation actuelle une « guerre des prix » – dans laquelle divers pays cherchent à affaiblir leur monnaie afin de stimuler leur économie. Le dollar américain s’est continuellement apprécié dans ce contexte, ce qui a créé des difficultés pour les agriculteurs américains. Si vous êtes un producteur de blé, vous savez que les contrats à terme américains sur le blé sont surévalués par rapport au prix du blé de la mer Noire et d’autres régions. Pourquoi ? Surtout à cause du taux de change. Ce n’est donc pas une question de prix. Le facteur déterminant, ce ne sont pas les cinq dollars ou tout autre montant que paie l’acheteur. C’est plutôt l’obligation de payer en dollars américains – ce qui, pour un acheteur d’Europe ou d’Afrique, peut s’avérer très désavantageux sur le plan du taux de change. Aux États-Unis, cette vigueur du dollar américain nuit aux exportateurs de maïs, de blé et de soya. Les exportateurs de soya, en particulier, font face à une concurrence accrue de la part de l’Amérique du Sud. Ce n’est pas la première fois que nous observons cette situation, mais elle est pire cette année en raison de la valeur élevée du dollar américain – qui a nui à certaines exportations américaines ces derniers temps. Le billet vert s’est tellement apprécié que les exportateurs ont du mal à soutenir la concurrence de l’Amérique du Sud, dont les produits sont meilleur marché.
KH : D’accord. D’un point de vue local – et dans ce contexte de guerre des monnaies et de volatilité des taux de change –, quels sont les outils, les stratégies ou les options qui s’offrent aux agriculteurs canadiens pour réduire leur vulnérabilité face à ces variations, ou pour en tirer avantage ?
KF : Plusieurs possibilités s’offrent à eux. L’une d’entre elles, que de nombreux producteurs utilisent ou connaissent sans doute, consiste à fixer d’avance un taux de change. Si, en tant qu’agriculteur, vous estimez que le taux de change actuel est avantageux pour vous, ou qu’il pourrait atteindre un niveau idéal si la baisse du dollar canadien se poursuit – et que vous pourriez alors réaliser d’importants profits sur vos ventes de blé, de canola ou de tout autre produit –, vous pouvez demander à votre succursale de RBC de bloquer un taux de change futur. L’idée est de bloquer le taux de change qui s’appliquera à une opération de 50 000 $ ou de 100 000 $, par exemple, qui aura lieu à une date future. Ainsi, vous pouvez bloquer à compter d’aujourd’hui un taux de change pour une durée de trois ou six mois, ou plus longtemps encore, en fonction de la date où vous prévoyez vendre un produit sur le marché. C’est l’une des possibilités.
Vous pouvez aussi ouvrir un compte de négociation de contrats à terme – ou un compte de négociation de contrats à terme et d’options. Vous pouvez aller sur le marché à terme. Prenons l’exemple d’un contrat de 100 000 $. Si vous craignez que le marché n’aille pas plus bas que son niveau actuel ou qu’il se mette à remonter – et donc que le dollar canadien s’apprécie – parce qu’une telle remontée vous ferait perdre de l’argent lors de vos ventes d’orge ou de soya aux États-Unis, vous pouvez vous protéger en achetant un contrat à terme sur le dollar canadien. Si vous prévoyez vendre dans deux mois un produit qui vaut aujourd’hui 100 000 $ US, vous craignez que le dollar canadien se mette soudainement à s’apprécier. Si la valeur du dollar canadien continue de baisser, le montant net de la vente au moment de la livraison à l’acheteur sera plus élevé. Bref, en achetant un contrat à terme sur le dollar canadien, vous fixez le taux de change à terme. Peut-on dire qu’une telle stratégie a quelque chose de spéculatif ? Sans doute, mais je préfère parler de couverture. Une fois le taux à terme bloqué, si le marché évolue à la hausse, votre compte de négociation gagne de la valeur. Si le dollar canadien continue de fléchir, la valeur du compte de négociation diminuera, mais le montant net de la vente de votre produit – orge de brasserie ou soya – sera majoré par la conversion en dollars canadiens. Les deux éléments devraient se contrebalancer. Et vous devrez couvrir la position que vous avez prise sur le marché à terme, ce qui pourra vous coûter quelques milliers de dollars. Mais l’essentiel, c’est que si jamais le dollar remonte soudain d’un ou deux cents (en raison d’une hausse imprévue du prix du pétrole brut, ou d’un événement externe venant influer sur le marché), vous aurez une protection pour l’opération que vous prévoyez.
Troisième possibilité ou solution à votre disposition : vous pouvez acheter une option d’achat. Peut-être n’avez-vous pas envie d’aller sur le marché à terme ; peut-être voulez-vous éviter de limiter votre avantage potentiel en cas de baisse du dollar canadien. Par exemple, vous pourriez vous dire : « Comme je prévois faire cette opération dans trois mois, je vais acheter une option d’achat à un prix légèrement supérieur à celui du marché. » Imaginons que le dollar se négocie à 0,76 $ US ou 0,77 $ US. Vous achèteriez une option d’achat à 0,78 $ US, ce qui vous coûterait quelques centaines de dollars. Et si le marché continuait de baisser jusqu’à 0,75 $ US ou 0,74 $ US, vous resteriez gagnant. Vous auriez payé environ deux cents dollars, mais en obtenant en retour une assurance sur votre prix au cas où le dollar remonterait à 0,80 $ US, par exemple, selon un scénario extrême – par suite d’une remontée du prix du brut à 100 $ US, ou à 60 $ US ou à 70 $ US, peu importe le chiffre. Votre option aurait tout simplement comme effet de vous protéger en cas d’appréciation soudaine du dollar canadien – dans une situation où, lors d’une vente se chiffrant à 100 000 $ US pour laquelle vous auriez espéré recevoir 130 000 $ CA, une brusque hausse du dollar canadien réduirait soudain ce montant à 120 000 $ CA, ou à 110 000 $ CA. Donc, cette approche est la façon la moins risquée de faire les choses : il suffit d’acheter une option d’achat, qui vous protège, mais qui vous procure aussi un tel avantage si le marché continue de fléchir.
KH : À quel moment recommandez-vous de bloquer le taux de change ? Est-ce que le moment choisi dépend de celui où vous prévoyez vendre votre produit d’exportation ?
KF : Exactement. Quand la vente aura-t-elle lieu ? Certains producteurs me disent : « Je vais vendre du soya aux États-Unis dans trois mois, puis un second chargement dans six mois. » Certains gros producteurs livrent tous les mois des produits au marché américain. L’important, c’est de bloquer le taux de change en fonction du moment où la vente aura lieu – c’est-à-dire le moment où l’agriculteur touchera le montant de la vente en dollars américains. Il faut faire en sorte de coordonner les dates du processus, de manière à bénéficier d’une protection jusqu’à la conclusion de la vente – après quoi cette protection devient inutile. Il en va de même si vous faites appel à votre succursale de RBC pour bloquer un taux de change futur. Vous dites à la banque : « J’ai besoin de 100 000 $ dans trois mois, puis d’un nouveau montant de 100 000 $ dans six mois ; je veux bloquer les taux de change s’appliquant à ces deux sommes afin de ne pas être désavantagé par la conversion. »
KH : Et j’imagine que la situation serait similaire si vous désiriez acheter de l’équipement ou un autre produit aux États-Unis : vous voudriez vous assurer d’obtenir une protection en sens inverse, n’est-ce pas ?
KF : Oui. C’est un très bon exemple. Certains producteurs déclarent avec regret : « J’aurais dû me protéger, car le marché a tellement baissé que je me suis retrouvé en difficulté. » Vous pourriez ouvrir un compte en dollars américains et convertir des dollars canadiens dont vous ne vous servez pas ; vous pourriez les convertir en dollars américains si vous craignez que le huard continue de se replier. Ou encore, plutôt que d’acheter des contrats à terme sur le dollar canadien, vous pourriez vendre de tels contrats. Ainsi, si le dollar canadien remonte, les choses seront moins pénibles pour vous le jour où vous ferez un chèque en dollars américains pour payer de la machinerie. Par ailleurs, si vous vendez des contrats à terme, vous couvrirez votre position au moyen d’un instrument de couverture. Mais si le marché baisse, vous n’aurez vraiment pas de plaisir à faire votre chèque en dollars américains. Vous bénéficierez toutefois d’une certaine protection en raison de votre couverture en dollars canadiens. Si vous avez vendu à un taux de 0,80 $ US et que le dollar a ensuite baissé, disons, à 0,75 $ US, vous aurez un coussin de 0,05 $ US – qui protégera votre compte de négociation et contribuera à réduire votre désavantage en matière de taux de change lorsque vous ferez un chèque pour les machines ou les autres produits que vous importez des États-Unis pour votre ferme.
KH : Dans l’ensemble, Keith, diriez-vous que les agriculteurs canadiens pourraient utiliser davantage certains de ces outils de gestion du risque de change ? Ou observez-vous une augmentation du nombre d’agriculteurs intéressés à utiliser ce type d’outils ?
KF : Certains les utilisent. Cela varie selon les produits et le marché auquel ils sont destinés. Si vous êtes un producteur du centre de la Saskatchewan et que la plupart de vos produits… Prenons l’exemple du canola… Le marché du canola suit l’évolution du marché des changes – c’est un marché qui se négocie en dollars canadiens, de sorte qu’une hausse ou une baisse du dollar canadien se reflète directement sur le marché à terme. Est-ce que cela veut dire que les agriculteurs ont besoin d’une couverture supplémentaire ? Non, pas selon moi. Une couverture suffit. Si vous n’arrivez pas à tirer avantage de l’évolution du dollar canadien pour votre blé, je ne vois pas l’utilité de doubler votre couverture. Cela dit, si vous désirez importer de la machinerie vers le centre de la Saskatchewan ou le sud du Manitoba, en plus de vendre du soya aux États-Unis et dans le sud du Manitoba, ce type de protection peut être avantageux. Vous savez, maintenant que la baisse récente du dollar canadien est derrière nous, il est facile d’en voir l’ampleur et de nous dire : « Soyons prêts à toute autre baisse. » Mais il faut aussi nous demander, avec le recul : « Comment aurions-nous pu nous protéger ? » Je crois que de nombreux producteurs font cette prise de conscience et se disent : « Je dois changer certaines choses si je veux éviter une répétition de cette expérience douloureuse. » Dans ce contexte, il faut s’attendre à une diminution des importations de machines et d’autres produits américains à destination du Canada. Le dollar canadien fluctue, c’est indéniable, comme nous l’avons vu ces dernières années. Des occasions peuvent surgir si le marché se redresse et que le dollar canadien se raffermit. L’important est de tirer les leçons de notre expérience et de nous demander : « Comment vais-je protéger mon entreprise agricole ? Comment vais-je couvrir ma position ? Quels sont les outils appropriés à cette fin ? »
KH : Et je crois que lorsqu’un marché est volatil, cela justifie les coûts des mesures ou des positions que nous prenons pour nous couvrir, n’est-ce pas ?
KF : Oui. Selon moi, cela justifie ces coûts. Les producteurs de bétail qui exportent leurs produits vers les États-Unis couvrent leurs positions en dollars canadiens depuis des années. Les entreprises qui exportent de grandes quantités de grain, qui représentent de grosses sommes, ont constamment recours à des opérations de couverture.
KH : C’était ma dernière question. Keith, je vous remercie pour vos explications concernant le risque de change et les façons de le gérer. Merci d’avoir participé à l’émission.
KF : Merci, Kelvin.
KH : Si la gestion du risque de change est une question qui vous intéresse, ou une voie que vous aimeriez explorer, j’espère que les explications de Keith auront clarifié les choses pour vous – ou auront peut-être tout simplement confirmé ce que vous pensiez. Comme Keith l’a expliqué dans un exemple, quand notre dollar vaut 0,75 $ US, il vous en coûte beaucoup plus cher pour acheter de l’équipement aux États-Unis – ou, si vous êtes un éleveur de poulets, pour importer des animaux reproducteurs – que lorsque les deux monnaies sont à parité. En somme, comme à peu près n’importe quel aspect de l’activité agricole, la situation entourant le dollar et les taux de change comporte des risques et des occasions qui varient selon les mesures que vous prenez et le moment où vous les prenez.
Merci encore une fois à Keith Ferley, de RBC, pour ses explications sur notre sujet d’aujourd’hui. Soyez des nôtres lors du prochain épisode de la série L’entreprise agricole de Real Agriculture !
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