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Pourquoi les taux d’intérêt sont-ils importants ? Cet épisode de la série L’entreprise agricole décrit les mesures que peuvent prendre les agriculteurs pour s’adapter aux fluctuations de taux d’intérêt. On y explique notamment l’utilité d’une analyse de sensibilité, ainsi que la façon d’effectuer une telle analyse. Il est également question d’outils et de conseils pratiques facilitant la gestion d’une entreprise agricole.
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La série L’entreprise agricole, qui vous est offerte sur le site RealAgriculture.com (site en anglais seulement), est une présentation de RBC Banque Royale.
SH : Bienvenue à ce neuvième épisode de la série de baladodiffusions L’entreprise agricole. Mon nom est Shaun Haney, de RealAgriculture.com. Aujourd’hui, nous allons parler de taux d’intérêt. Pourquoi est-il important d’aborder ce sujet ? Au Canada, rares sont les fermes qui n’ont pas de dettes. La vaste majorité doivent donc effectuer des paiements de remboursement – et ces paiements incluent, malheureusement, de l’intérêt !
Au cours de ce neuvième épisode de la série de baladodiffusions L’entreprise agricole, présentée par RBC, nous allons nous demander comment composer avec les fluctuations de taux d’intérêt. Quelle est l’utilité de procéder à une analyse de sensibilité ? Et comment s’y prend-on ? Surtout, quels sont les outils concrets permettant à une entreprise agricole de réduire sa sensibilité au risque de taux d’intérêt ?
Vous vous dites probablement : « Pourquoi, compte tenu du niveau extrêmement bas des taux d’intérêt, devrais-je m’en préoccuper ? » C’est donc la première question que nous allons poser à notre invitée d’aujourd’hui, Heather Storey, du groupe Gestion du risque de RBC, que nous avons jointe à son bureau de Guelph. Bonne émission à tous.
SH : Nous accueillons Heather Storey, du groupe Gestion du risque de RBC. Comment allez-vous, Heather ?
HS : Très bien, merci, Shaun.
SH : Heather, nous allons parler de taux d’intérêt, un sujet qui peut surprendre étant donné le niveau particulièrement bas des taux d’intérêt depuis un certain temps. Nous avons entendu parler des taux d’intérêt élevés des années 1980, mais c’est déjà loin dans le temps. Pourquoi, à une époque où les taux sont extrêmement faibles, devrions-nous nous en préoccuper ?
HS : Vous avez tout à fait raison de dire qu’après une période prolongée de grande faiblesse des taux, on a tendance à ne plus s’en préoccuper et à se dire que cette faiblesse est la nouvelle norme. Souvent, quand on parle avec des clients, on se rend compte qu’ils n’imaginent pas vraiment des taux se situant en dehors de la fourchette observée au cours des 18 ou 24 derniers mois. Or, il suffit de faire un minimum de recherches ou de connaître l’évolution historique des taux d’intérêt pour savoir que les niveaux actuels ne se prolongeront pas indéfiniment. Dans ce contexte, un gestionnaire prudent doit s’assurer de positionner son entreprise en prévision de la remontée qui finira par se produire. Même si les taux ne regrimpent pas aux niveaux atteints dans les années 1980 – dont se souviennent très bien certaines personnes dans les cafés ou, parfois, un voisin rencontré à côté de son tracteur –, il finira par survenir des changements sur ce plan. Voilà pourquoi il demeure très pertinent, selon moi, que les agriculteurs fassent certaines analyses et examinent le positionnement de leur ferme à cet égard.
SH : Il est intéressant que vous parliez d’une nouvelle norme. C’est une expression qu’on entend souvent sur CNBC ou ROB-TV. Les gens ont cru qu’un prix de 100 $ constituait la nouvelle norme pour le baril de pétrole. On a dit la même chose à propos de la parité entre le dollar canadien et le dollar américain. Or, comme nous l’avons vu, les choses ont changé ces 12 derniers mois. Pourquoi en serait-il différent dans le cas des taux d’intérêt ?
HS : Je suis d’accord avec vous. Dans le secteur agricole, nous avons entendu le même langage à propos des prix des produits de base – qui, pourtant, ont changé eux aussi par la suite. Et si l’on se fie aux faits que vous venez de mentionner, les agriculteurs doivent s’attendre à voir persister la volatilité actuelle des conditions économiques générales et des conditions plus spécifiques relatives à leur ferme. Par exemple, tout changement du prix du pétrole se répercute sur le coût des intrants des entreprises agricoles et sur le coût de production des récoltes. Toujours est-il qu’il faut s’attendre à ce que la volatilité persiste et à ce que les agriculteurs demeurent confrontés à des risques. Voilà pourquoi j’estime – comme de nombreux agriculteurs – que la meilleure façon de se positionner avantageusement pour l’avenir est de faire tout ce qui est possible pour s’informer et gérer ces risques.
SH : Je ne connais pas beaucoup d’agriculteurs qui n’ont pas de dettes. Et toute personne qui a des dettes doit tenir compte des taux d’intérêt. Comment un agriculteur procède-t-il pour déterminer les risques que court son entreprise ou son degré de sensibilité aux taux d’intérêt ? En quoi consiste ce type d’évaluation ?
HS : En entendant parler d’analyse de sensibilité, on peut penser qu’il s’agit d’un processus complexe et difficile. Mais ce n’est pas le cas, et le producteur agricole peut déterminer le niveau de complexité qui lui convient. On peut obtenir de précieux renseignements au moyen d’analyses très simples. Dans la plupart des cas, je recommande aux gens de s’assurer qu’ils savent où se situe globalement le niveau de leur dette. Bien sûr, nous savons que l’importance des emprunts d’exploitation varie selon les saisons et les étapes du cycle de production. C’est pourquoi je dis : « Repérez le niveau moyen où se situe la plupart du temps votre dette, puis faites une analyse simple reflétant diverses modifications possibles des taux d’intérêt. » C’est très simple. Par exemple, imaginez que vous avez une dette de deux millions de dollars et que les taux d’intérêt augmentent de 1 %. Le coût du service de votre dette augmentera de 20 000 $. Vous devrez donc pouvoir absorber cette hausse. Je crois qu’il est bon d’examiner trois scénarios de progression des taux d’intérêt – l’une faible, une autre modérée, et une troisième plus forte, par exemple de 1 %, de 3 % et de 5 %. Je recommande également un calcul légèrement plus difficile, mais qui n’a rien de sorcier : déterminez le niveau à partir duquel une hausse des taux d’intérêt compromettrait votre rentabilité. Vous devez vous demander jusqu’où les taux peuvent augmenter avant que votre capacité d’effectuer vos paiements sans difficulté ne soit compromise.
SH : Est-ce qu’il arrive que ce type d’analyse donne des résultats surprenants – soit des résultats plus positifs qu’on ne l’aurait cru possible, soit des résultats incitant à changer certaines choses sans tarder par mesure de prudence ?
HS : On voit ces deux situations. Tout dépend du contexte particulier. Cela dit, peu importe le scénario, l’analyse mène toujours à des renseignements utiles. Ainsi, un agriculteur pourrait en conclure qu’une hausse de 2 % des taux d’intérêt entraînerait une dette supplémentaire d’environ 40 000 $ pour sa ferme. Certains agriculteurs jugeront un tel scénario inquiétant. D’autres seront rassurés en constatant que, même dans ces conditions, ils pourraient continuer d’effectuer leurs paiements et de subvenir aux besoins de leur famille, et qu’il leur resterait encore une réserve pour faire face aux urgences ou remplacer des immobilisations. Bref, un même scénario sera plutôt acceptable pour certains, mais pas du tout pour d’autres.
SH : En somme, chaque ferme a ses particularités, et nous ne pouvons pas faire de recommandations précises s’appliquant à tous nos auditeurs. Passons à la question des taux fixes ou variables : qu’est-ce qui convient le mieux dans le contexte actuel ?
HS : C’est un choix très individuel qui doit tenir compte de la situation financière et de la tolérance au risque du client. Lorsque je travaillais moi-même auprès des clients, je les invitais à opter pour des solutions qui, selon eux, leur assuraient « un sommeil paisible ». Pour certains, cela voulait dire savoir que, même selon le pire des scénarios, ils auraient toujours à leur disposition 1,25 $ pour chaque dollar de paiement à effectuer. Si ce critère était rempli, aucune préoccupation liée à leurs dettes ne venait troubler leur sommeil. Je précise toutefois que les conditions garantissant un « sommeil paisible » variaient considérablement d’un client à l’autre. Voilà pourquoi je souligne l’importance de facteurs individuels comme la tolérance au risque et la situation financière. Enfin, malgré mon hésitation à généraliser, on peut dire qu’en règle générale, plus une ferme est lourdement endettée, plus elle est vulnérable en cas de hausse des taux d’intérêt.
SH : À l’heure actuelle, les taux sont faibles. Mais imaginons un instant qu’ils doubleraient au cours des 12 prochains mois – c’est peu probable dans la réalité, mais posons simplement l’hypothèse. Il pourrait en résulter de sérieuses difficultés pour beaucoup de gens. Comment un agriculteur peut-il minimiser les risques associés à un tel scénario ?
HS : L’agriculteur peut prendre certaines mesures pour se protéger – par exemple, gérer ses emprunts en misant à la fois sur des taux fixes et des taux variables. En optant pour des échéances fixes pour une partie de sa dette, il s’assure que le taux auquel il sera assujetti durant une période donnée ne dépassera pas un certain niveau. Nous recommanderions sans doute aussi de diversifier les échéances de remboursement – car l’échelonnement permet de répartir le risque. Ainsi, on peut imaginer plusieurs emprunts devant être renouvelés au taux courant à diverses échéances – certains dans deux ans, et d’autres dans trois, quatre et cinq ans. C’est une excellente façon de répartir le risque associé au renouvellement, compte tenu que les taux peuvent monter et baisser au fil du temps.
Les agriculteurs peuvent aussi adopter une stratégie rigoureuse de couverture des risques associés aux taux d’intérêt – en utilisant pour cela des produits plus complexes. Ils devraient en discuter avec leur conseiller financier. Ce n’est pas très différent des stratégies de mise en marché qu’ils utilisent déjà pour leurs récoltes. Même si une approche structurée en matière de mise en marché ne leur assure pas de vendre leurs récoltes au moment où les prix atteignent des sommets ni de bloquer les taux aux niveaux où ils touchent des creux, cela leur permet de gérer le risque et de couvrir leurs positions.
SH : N’importe où au Canada, il suffirait d’entrer dans un café ce matin pour entendre parler de taux d’intérêt. Les gens se demandent : la Fed va-t-elle abaisser ses taux ? Va-t-elle les relever ? Quelles répercussions cela aura-t-il sur le dollar ? Et sur ma ferme ? Vous-même discutez souvent avec les agriculteurs au sujet de la gestion du risque et des taux d’intérêt. Y a-t-il une lacune qui vous frappe particulièrement dans la compréhension qu’ils ont de ces questions ?
HS : Ce qui me frappe le plus, c’est sans doute un sentiment d’impuissance en ce qui a trait à l’évolution future des taux d’intérêt. Cela dit, je note aussi, chez les producteurs particulièrement dynamiques, une approche très proactive en matière de gestion du risque de taux d’intérêt. Mais cette attitude n’est pas assez répandue – c’est le principal problème, selon moi.
Il ne fait aucun doute que les agriculteurs peuvent faire certaines choses pour consolider leur position, même s’ils utilisent déjà un programme de couverture du risque de taux d’intérêt, et même s’ils ont pris soin de diversifier les échéances de leurs emprunts pour répartir le risque – car ces mesures n’offrent pas une protection suffisante en cas de hausse prolongée des taux d’intérêt. Il existe d’autres moyens. Tout dépend, en fait, de la façon dont le bilan de l’entreprise est structuré. Un bilan bien structuré comporte un certain niveau de liquidités grâce auxquelles l’entreprise peut surmonter les périodes de rentrées de fonds réduites ou s’adapter à un contexte de taux d’intérêt plus élevés.
Autre possibilité, les producteurs peuvent maintenir une certaine flexibilité dans leur bilan. Ainsi, si jamais les taux grimpent et se maintiennent à des niveaux très élevés, ils pourront s’appuyer sur cette flexibilité pour réduire leurs paiements de remboursement – en procédant à une restructuration de leur dette et en prolongeant l’amortissement. En somme, les liquidités et la flexibilité sont les deux meilleurs outils dont disposent les agriculteurs.
SH : Heather, merci d’avoir été des nôtres aujourd’hui. Cette discussion au sujet des taux d’intérêt a été très intéressante. J’espère que nous aurons de nouveau l’occasion de discuter ensemble.
HS : Ce sera un plaisir. Merci beaucoup !
SH : Étant donné la faiblesse actuelle des taux d’intérêt, on pourrait croire qu’il n’y a plus lieu de s’en préoccuper ou de chercher à gérer le risque qui s’y rapporte. Or, comme l’a expliqué Heather Storey, une telle attitude n’est pas toujours prudente. Même si les taux sont faibles, cela ne veut pas dire qu’ils le demeureront indéfiniment. Rappelons-nous : qui aurait dit que le prix du baril de pétrole atteindrait 100 $ ou que celui du boisseau de maïs atteindrait 7 $ ? En élaborant le plan financier de votre ferme, assurez-vous d’y inclure une analyse de sensibilité aux taux d’intérêt. Demandez-vous jusqu’à quel point votre ferme est en mesure de surmonter des fluctuations de taux ?
J’espère que cet épisode de L’entreprise agricole vous a plu. Je tiens à remercier très chaleureusement Heather Storey, de RBC, pour sa participation à l’émission. Je vous donne rendez-vous pour notre dixième épisode. À bientôt !
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