Services commerciaux > Expertise sectorielle > Agriculture > Ressources > Baladodiffusions > L’art de « blinder » son bilan
Que faut-il faire pour « blinder » le bilan de votre entreprise ? Au cours de cet épisode, nous examinons les chiffres qui figurent au bilan. Nous nous demandons aussi de quelle façon il faut, au départ, établir ces chiffres. Enfin, nous examinons leur utilité en vue de la prise de décisions axées sur la durabilité et la santé financière à long terme de l’entreprise
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La série L’entreprise agricole, qui vous est offerte sur le site RealAgriculture.com (site en anglais seulement), est une présentation de RBC Banque Royale.
KH : L’examen du bilan d’une entreprise, agricole ou autre, fournit une foule de renseignements sur celle-ci. Le bilan permet de saisir en un coup d’œil l’état de santé financière de l’entreprise – il indique si la valeur représentée par l’entreprise est suffisante pour en rembourser les dettes. Bonjour, mon nom est Kelvin Heppner. Bienvenue à cet épisode de la série L’entreprise agricole. Comme vous l’aurez sans doute deviné, nous abordons aujourd’hui la question du bilan. Nous allons examiner certains des chiffres figurant au bilan, la façon de s’y prendre pour établir ces chiffres, ainsi que leur utilité en vue de la prise de décisions axées sur la durabilité et la santé financière à long terme de l’entreprise.
Notre invité pour cet épisode est Moe Russell, du Russell Consulting Group. Il va nous indiquer certaines des principales valeurs de référence du bilan. Quel est le ratio actifs-passifs à maintenir ? Ou quelles réserves de liquidités ou d’actifs à court terme ? Quels sont les niveaux souhaités pour le rendement des capitaux propres et le rendement de l’actif ? Et comment faut-il s’y prendre pour combler un éventuel écart par rapport à une valeur de référence recommandée ? Naturellement, il est plus facile pour une entreprise d’étoffer son bilan au cours d’une période de forte prospérité, comme celle qu’a connue le secteur céréalier il y a quelques années – situation sans doute à l’opposé de ce qu’on a observé à bien des égards dans le secteur de l’élevage ou de la production bovine. Qu’arrive-t-il lorsque les conditions deviennent moins favorables ? Depuis des années, l’entreprise de Moe propose aux agriculteurs canadiens et américains une approche consistant à « blinder » leur bilan. Cette approche est particulièrement efficace en période de prospérité. Toutefois, même au cours des périodes plus difficiles, certaines options s’offrent aux entreprises pour consolider leur bilan et atteindre les valeurs de référence recommandées. Ce n’est pas toujours facile, cela peut exiger d’une entreprise qu’elle vende des actifs, des terres, de l’équipement ou des bêtes. Mais parfois, c’est la chose à faire pour maintenir la vitalité de l’entreprise. Nous allons examiner certains de ces chiffres et de ces ratios dans quelques instants.
KH : Aujourd’hui, dans le cadre de la série de baladodiffusions L’entreprise agricole de RealAgriculture.com, nous accueillons Moe Russell, président du Russell Consulting Group. En sa compagnie, nous abordons la question du bilan. Que signifie afficher un bilan sain, particulièrement dans un contexte où les marges sont plus restreintes que par le passé ? Moe, j’aimerais commencer par vous demander à quelle fréquence un agriculteur devrait examiner son bilan. Faut-il le faire souvent ? Ou est-ce simplement recommandé lorsqu’on prépare une demande de prêt ?
MR : Nous encourageons nos clients à établir leur bilan selon la méthode de la comptabilité d’exercice au moins une fois par année – soit à la fin de l’année civile ou, si la date est différente, à la fin de l’exercice financier.
KH : D’accord. Posons d’abord le contexte. Quels renseignements le bilan fournit-il au sujet de la ferme ou de l’entreprise ?
MR : Le bilan renseigne l’agriculteur sur la solvabilité de sa ferme, et il dresse une liste des actifs et des passifs de l’entreprise – la valeur nette de celle-ci étant la différence entre le total des actifs et le total des passifs. Selon nous, la valeur des passifs ne devrait pas représenter plus de 60 % de celle des actifs. En ce qui a trait aux terres de l’entreprise, je recommande aux agriculteurs d’inscrire au bilan une somme correspondant à environ 75 % du prix auquel ils pourraient vendre les terres en question. Cette recommandation tient à plusieurs raisons, notamment au fait qu’une vente occasionnerait des frais de vente, en plus d’entraîner sans doute un gain en capital si les terres appartenaient à l’agriculteur depuis un certain temps. Voilà pour ce ratio.
Un autre chiffre que nous examinons de très près est le fonds de roulement, soit l’excédent de l’actif à court terme sur le passif à court terme. Je précise toutefois que, contrairement à de nombreux prêteurs, nous nous intéressons non pas au rapport entre ces deux éléments, mais plutôt à la somme en argent constituant le fonds de roulement. Selon nous, cette somme devrait représenter au moins 50 % du total des dépenses annuelles. Pour calculer le total des dépenses annuelles, on additionne tous les paiements à effectuer au cours des douze mois qui suivent, toutes les charges d’exploitation projetées, ainsi que les frais de subsistance. Le montant du fonds de roulement serait censé représenter au moins 50 % de ce total.
KH : En somme, le fonds de roulement nous indique la liquidité de l’entreprise, la rapidité avec laquelle celle-ci peut générer les liquidités nécessaires pour rembourser ses dettes à court terme ?
MR : Exactement. Le fonds de roulement est le premier « amortisseur de chocs » permettant à une entreprise agricole d’absorber les cahots financiers qui se présentent. Depuis huit ans, nous recommandons à nos clients de « blinder » leur bilan – lequel permet d’accroître le fonds de roulement durant les périodes de prospérité, et donc de disposer ensuite d’un « coussin » pour surmonter les périodes de creux du cycle, comme celle que nous connaissons à l’heure actuelle et qui pourrait se prolonger encore deux ans. Le rendement des capitaux propres devrait être de 10 % ou plus. Nous examinons aussi le rendement de l’actif, qui devrait être d’au moins 6 %. Voilà pour les ratios les plus importants, selon nous.
KH : J’aimerais revenir sur ce que vous disiez au sujet de l’évaluation des terres. Comment devrait-on déterminer la valeur d’un actif : au moyen de la méthode de la comptabilisation à la valeur d’acquisition ou de celle de la comptabilisation à la juste valeur ? Laquelle des deux méthodes recommandez-vous dans le cas d’une entreprise agricole ?
MR : En général, nous recommandons la méthode de la comptabilisation à la juste valeur, particulièrement pour l’évaluation de terres appartenant à l’entreprise depuis un certain nombre d’années – les terres en question étant probablement nettement sous-évaluées, si je me fie aux évaluations que j’ai faites récemment.
KH : En ce qui a trait aux valeurs de référence que vous avez mentionnées pour certains ratios, dans quelle mesure ces valeurs peuvent-elles varier selon, par exemple, le type de ferme ou la région du continent où se déroulent les activités ?
MR : D’après nous, ces valeurs de référence ne sont pas censées varier sensiblement d’une région à l’autre aux États-Unis.
KH : Ces valeurs s’appliquent-elles surtout aux fermes céréalières, ou s’appliquent-elles aussi aux fermes d’élevage et aux fermes laitières ? Y a-t-il des différences entre ces secteurs ?
MR : Elles s’appliquent principalement aux fermes céréalières. Nous abordons un peu différemment la situation des fermes laitières. Celles-ci n’ont sans doute pas besoin d’un fonds de roulement aussi important, puisqu’elles peuvent compter sur le paiement hebdomadaire ou mensuel de leurs ventes de lait pour faire face à leurs dettes. Par conséquent, dans leur cas, on peut sans doute abaisser de 50 % à 25 % le rapport à maintenir entre le fonds de roulement et les dépenses annuelles.
KH : Et qu’arrive-t-il dans le cas des fermes qui n’ont pas pu consolider leur fonds de roulement ou l’amener au niveau souhaité ? Existe-t-il des stratégies ou des mesures pouvant leur permettre de maintenir un bilan robuste malgré le contexte actuel de rétrécissement des marges ?
MR : Elles pourraient vendre l’équipement en trop qu’elles possèdent, ou encore refinancer des biens immobiliers et utiliser les fonds rendus disponibles par le refinancement pour rembourser leurs dettes à court terme. Cela améliorerait leur fonds de roulement. Ici, je devrais préciser ce qu’on entend par actifs à court terme et passifs à court terme : les actifs à court terme incluent l’argent détenu à la banque, les comptes clients de la ferme, les stocks de grain, les charges payées d’avance, ainsi que le bétail destiné à la vente dans les douze mois.
KH : Il s’agit donc, encore une fois, de tout ce qui peut être transformé en argent dans un court délai, n’est-ce pas ?
MR : Exactement. Quant aux passifs à court terme, ils incluent les comptes fournisseurs, le prêt d’exploitation venant à échéance dans les douze prochains mois, et la tranche des dettes à long terme échéant à moins d’un an.
KH : Les ratios figurant au bilan d’une entreprise revêtent-ils une importance particulière lors des discussions avec les prêteurs ?
MR : Les prêteurs y attachent beaucoup d’importance. Cependant, ils ne privilégient pas tous les mêmes ratios. Pour cette raison, je recommande aux producteurs de vérifier ce qu’il en est auprès de leur prêteur. Si vous vous rendez compte que votre entreprise ne respecte pas l’un des ratios auxquels votre prêteur attache de l’importance, élaborez un plan afin de rectifier les choses.
KH : Qu’en est-il de l’amortissement et de son incidence sur l’évaluation des actifs ? Quelle est votre approche en matière d’amortissement des actifs ?
MR : Je précise d’abord que nous encourageons les producteurs à attribuer à l’équipement la valeur du marché. Nous suggérons un taux d’amortissement de 10 % pour l’équipement, et de 5 % pour les installations – celles dont se servent les agriculteurs. Si, par contre, un agriculteur ne se sert plus d’un silo, il ne doit pas l’amortir – puisque, par définition, l’amortissement est l’affectation de fonds en vue du remplacement de l’équipement ayant subi l’usure causée par le processus de production. Bref, nous amortissons les installations à un taux de 5 %, et la machinerie à un taux de 10 %.
KH : D’accord. Et comme méthode, vous utilisez l’amortissement linéaire ?
MR : Oui.
KH : Pour revenir au point de départ de cette conversation, diriez-vous qu’un nombre suffisant de fermes, ou que les fermes en général, ont une bonne compréhension de ces chiffres et de la place qu’ils occupent dans leur bilan ?
MR : La plupart des agriculteurs les comprennent. Les choses se sont beaucoup améliorées sur ce plan ces dix ou vingt dernières années. Les agriculteurs ont profité des périodes de robustesse des prix pour accroître leur capital et se doter d’un fonds de roulement solide. Bien sûr, ce n’est pas vrai dans tous les cas… Nous rappelons à nos clients que l’agriculture de production est un secteur cyclique – en fait, tous les secteurs connaissent des cycles, et l’agriculture de production n’est pas unique à cet égard. À long terme, les prix des produits de base se stabiliseront au niveau – ou proche du niveau – des coûts de production des entreprises dont les coûts sont les plus élevés. Incapables de survivre, ces dernières seront éjectées du marché. Et le cycle recommencera.
KH : Et même si nous ne pouvons jamais savoir précisément à quelle étape du cycle nous nous trouvons, nous sommes probablement dans la portion inférieure du cycle, n’est-ce pas ?
MR : Oui. Selon moi, 2015, 2016 et 2017 constitueront sans doute le creux du cycle. Par la suite, les choses s’amélioreront.
KH : D’accord. Moe, il est temps de vous remercier pour votre participation à l’émission. Pourriez-vous indiquer l’adresse de votre site Web à l’intention des auditeurs qui voudraient en savoir davantage ?
MR : www.russellconsultinggroup.net
KH : J’espère que nos auditeurs auront tiré de cette conversation certaines idées – ou confirmations – au sujet de la façon d’aborder le bilan d’une entreprise agricole.
Par ailleurs, notre invité a aussi mentionné la pertinence d’utiliser la méthode de la comptabilité d’exercice, sujet dont nous avons traité lors du huitième épisode de la série L’entreprise agricole. La comptabilité d’exercice présente certaines différences par rapport à la méthode traditionnelle de la comptabilité de trésorerie, qui est encore en usage dans bon nombre d’entreprises agricoles. Entre autres différences, la comptabilité d’exercice tient compte de la valeur des stocks, ainsi que des charges payées d’avance – elle utilise donc des chiffres un peu plus à jour, ce qui permet aux agriculteurs de se faire une idée plus précise de leurs coûts de production. Je vous recommande d’écouter ce huitième épisode si vous l’avez raté – en fait, je vous recommande tous les épisodes de la série, car vous y trouverez de judicieux conseils en matière de gestion.
Si vous avez des questions, ou si vous désirez garder le contact avec nous, je vous invite à nous suivre sur Twitter (@realagriculture) ou à consulter le site RealAgriculture.com pour connaître nos coordonnées. Je remercie encore une fois Moe Russell pour ses précieux commentaires sur la façon de « blinder » le bilan d’une entreprise.
Merci à nos auditeurs. Soyez au rendez-vous pour le prochain épisode de L’entreprise agricole.
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