Votre santé financière
Par Dr David Kohl
Vous voulez savoir si vous êtes en bonne santé financière ? Le Dr David Kohl, économiste agricole de renom et conseiller de RBC Banque RoyaleMD, travaille avec les producteurs et les prêteurs depuis plus de 25 ans. Il a identifié quatre signes d’une santé financière sur le déclin.
L’évolution de la technologie, des prix, des coûts et des structures dans le domaine de l’agriculture place l’économie agricole en position difficile. Dans mes voyages, je rencontre deux groupes de consommateurs en termes de rentabilité. Le premier réussit, progresse et prend de l’expansion, tandis que le deuxième a peine à garder un bilan positif. En 25 ans à travailler avec des prêteurs du secteur agricole, j’ai observé que les signes suivants indiquent souvent qu’un producteur est en difficulté.
LES MARGES DE CRÉDIT FRACTIONNÉES
Pendant la crise agricole des années 1980, j’ai souvent servi d’intermédiaire indépendant pour la résolution de prêts problèmes. Une caractéristique commune à la plupart des bilans était que les clients étaient financés par plus de cinq institutions ou sources de crédit. C’est un symptôme important dans le contexte d’aujourd’hui ou de plus en plus de concurrents et de prêteurs non traditionnels s’arrachent farouchement des parts de marché.
Bon nombre de producteurs aux derniers stades des difficultés financières utiliseront une source de crédit pour payer un autre créancier. La surutilisation des modalités de financement faciles, comme les options d’achat sans mise de fonds ou de paiement différé, mène presque toujours à la catastrophe. Les marges de crédit fractionnées présentent des problèmes parce qu’elles compliquent les plans de paiement et les garanties. Quiconque essaie de trouver un arrangement ou de faire une liquidation avec de nombreux créanciers comprend à quel point il est difficile de trouver une solution avantageuse pour tous. Consolidez la plus grande partie de votre dette auprès de un ou de deux fournisseurs. Dressez un plan de remboursement et n’en dérogez pas.
LE TRIANGLE DES BERMUDES : À ÉVITER
Les fermes qui génèrent entre 100 000 $ et 250 000 $ en revenus agricoles bruts subiront des pressions financières importantes au cours des cinq à sept prochaines années. Ces fermes de taille « intermédiaire » se trouvent dans l’équivalent agricole du triangle des Bermudes. Elles sont ou bien trop grosses pour être petites ou trop petites pour être grosses. Il y en a approximativement 75 000 au Canada et 500 000 aux États-Unis, et du nombre, 40 % tireront assez bien leur épingle du jeu, 30 % survivront avec difficulté, et les 30 % restant fermeront leurs portes. En règle générale, les agriculteurs qui éprouveront des difficultés ont des ventes annuelles de moins de 150 000 $, un ratio d’endettement supérieur à 50 %, plus de 50 ans, des frais de subsistance familiaux de plus 30 000 $ par année, et peu ou pas de revenus d’autre provenance que l’agriculture. Le temps est alors venu de prendre des décisions difficiles. Évaluez vos objectifs et vos plans. Cherchez d’autres domaines où il serait possible de générer des revenus supplémentaires. Parlez à un conseiller spécialisé dans les entreprises agricoles.
LA TRIPLE IMPASSE
J’aime bien faire une analyse rapide des pressions auxquelles une exploitation agricole est soumise en divisant ses charges d’intérêts par le total de ses revenus agricoles. Avec les taux d’intérêt actuels peu élevés, ce ratio ne devrait pas dépasser 15 %, et devrait idéalement être inférieur à 10 %. Des ratios régulièrement supérieurs à 15 % pendant trois ans ou plus limitent les stratégies disponibles au moment de trouver un arrangement pour un prêt problème. Si les charges d’intérêts dépassent 20 % des revenus, le ratio d’endettement dépasse 50 %, et le ratio des frais d’exploitation sur les revenus (exclusion faite des charges d’intérêts et de l’amortissement) dépasse 80 %. Vous avez donc une triple impasse et il n’y a pratiquement aucune porte de sortie.
LES COMPTES FOURNISSEURS
Récemment, j’ai dîné avec un vétérinaire et un négociant agricole qui vendait de la nourriture et des engrais. Les deux ont indiqué que les producteurs qui éprouvaient des problèmes de revenus et de liquidités retardaient les paiements ou versaient seulement le montant minimum. C’était le premier signe de problèmes financiers dans les années 1980. Ces signes ne sont pas infaillibles mais ils vous permettent d’évaluer rapidement votre santé financière. Que vous soyez principalement un producteur ou que vous travailliez dans le secteur des services agricoles, collaborez étroitement avec vos clients.
Quelle est donc la prochaine étape pour bâtir et maintenir une entreprise en santé ? J’ai trouvé que derrière chaque producteur qui réussissait, il y a avait une équipe de conseillers comptant au moins un des spécialistes suivants : un comptable, un avocat, un spécialiste de la gestion des exploitations agricoles, un conseiller financier et un spécialiste de la finance agricole. Chacun peut contribuer à un aspect précis de votre entreprise et leur savoir-faire combiné vous donne une vision beaucoup plus nette de votre situation.
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