Le doux parfum de la réussite
Une entreprise québécoise rentabilise le fumier de volaille en le convertissant en engrais naturel
« Il faut savoir faire avec ce que l’on a ». Et c’est exactement ce qu’a fait Claudia Désilets. Son père, Robert, possède une grande exploitation agricole de 140 000 pondeuses et 60 000 poulets à griller près de Saint-Wenceslas au Québec. Évidemment, une telle bande d’oiseaux produit du fumier en abondance. Robert cherchait donc un moyen de traiter le fumier et Claudia voulait exploiter sa propre entreprise.
La solution est venue au cours d’un voyage en Europe il y a six ans. Ils y ont découvert un engrais entièrement naturel fait à base de fumier de volaille pur. Destiné à des applications horticoles, Acti-Sol fait l’affaire à la fois de Robert et de Claudia.
« Nous avons importé la technologie au Canada, » raconte Claudia. « Comme nos conditions météorologiques sont différentes, nous avons dû apporter quelques modifications à la technique de transformation. » Les installations de Bedford, au Québec, emploient deux salariés à temps plein, auxquels viennent s’ajouter trois autres personnes au printemps lorsque l’ensachage et la livraison battent leur plein. Le produit est entré dans le marché en 1996. Robert et Claudia ne l’ont jamais regretté.
« Pendant les quatre premières années, nous avons utilisé du fumier pur, que nous faisions sécher et transformions en granulat pour en faire une préparation 4-4-2 sans produits chimiques ni charges, » explique Claudia. « Il y a deux ans, nous avons ajouté différentes combinaisons d’ingrédients naturels de manière à offrir une gamme complète d’engrais. Nous proposons aujourd’hui un engrais pour les tomates et les légumes, un autre pour les arbres et arbustes, un pour les fleurs et un pour les transplantations à base de farine d’os. »
La gamme de produits vient de s’enrichir d’un programme en trois étapes pour la fertilisation des gazons. Selon Claudia, l’engrais libère graduellement les nutriments et permet ainsi aux végétaux de les absorber efficacement tout au long de la saison.
Les coquilles d’œufs : un atout
Pourquoi le fumier de volaille est-il meilleur que les autres? Comme les poules, en particulier les pondeuses, consomment beaucoup de calcium dans leur alimentation afin de produire les œufs, le calcium est présent en grande quantité dans le fumier; ce dernier devient alors un engrais idéal pour l’horticulture.
L’exploitation de Robert produit une quantité constante de fumier, mais l’entreprise de Claudia est en pleine croissance. Celle-ci est donc en train d’établir des contacts pour s’approvisionner auprès des élevages voisins.
« À ce moment-ci, nous n’avons pas besoin d’autres sources d’approvisionnement en fumier, mais à mesure que notre marché s’étendra, ce ne sera plus la même chose, » affirme-t-elle.
Une croissance lente mais soutenue
Les consommateurs peuvent se procurer l’engrais Acti-Sol dans les centres de jardinage du Québec et à quelques endroits en Ontario et aux États-Unis. Par ailleurs, certaines municipalités, comme Dorval, ainsi que des institutions, comme l’Assemblée nationale du Québec, utilisent exclusivement le produit depuis quatre ans.
Les centres de jardinage ont été le premier marché visé par Claudia au moyen de publicité dans des revues spécialisées. Elle s’attaque maintenant au marché de consommation par le biais d’annonces dans des revues spécialisées en floriculture et en horticulture. Les foires commerciales destinées aux deux marchés constituent aussi un élément important du plan de commercialisation.
La croissance de l’entreprise est lente mais soutenue. En fait, c’est la première année que Claudia utilise une marge de crédit, qu’elle a obtenue auprès de RBC Banque Royale. Lorsqu’elle a commencé, c’est son père qui tenait le rôle de banquier.
« Étant donné qu’il s’agit d’un commerce très saisonnier et que bon nombre de nos clients nous paient une fois par année, la marge de crédit est fort utile, » explique-t-elle.
Puisque le marché se tourne vers les produits naturels et biologiques destinés aux gazons et aux jardins, Claudia voit un brillant avenir pour son entreprise.
« Les gens sont de plus en plus sensibilisés à l’utilisation de matières naturelles dans le sol et les centres de jardinage aménagent désormais plus d’espace pour les produits biologiques comme Acti-Sol, » conclut-elle.
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