Mon équipe et moi
Les producteurs se procurent les conseils
dont ils ont besoin auprès de nouvelles
sources et par de nouveaux moyens.
Il n’y a pas si longtemps, les fermes canadiennes recevaient
régulièrement la visite des agents de vulgarisation du gouvernement
et les producteurs comptaient sur les conseils avisés que ces
spécialistes du secteur agricole pouvaient leur donner sur la production,
les questions financières ou la gestion de leur exploitation.
Ce temps est fini, car depuis quinze ans, le gouvernement fédéral et
la plupart des gouvernements provinciaux se retirent peu à peu de la
vulgarisation et du transfert technologique. Mais pendant ce temps,
le secteur agricole est devenu beaucoup plus complexe. Alors où
les producteurs vont-ils trouver les conseils dont ils ont besoin ?
« Il y a beaucoup moins de fermes aujourd’hui et la majeure partie
des actifs agricoles sont détenus par quelques très grands exploitants,
qui assurent 80 pour cent de la production, dit Darrell Toma,
conseiller principal chez Toma & Bouma Management Consultants,
à Edmonton. Ces producteurs sont constamment sous pression
pour devenir toujours plus efficaces et plus concurrentiels. »
M. Toma est l’auteur d’une vaste étude sur les meilleures pratiques
de gestion des producteurs qui réussissent le mieux dans l’Ouest
canadien et a publié un guide et une liste d’auto-évaluation
(www.bmpknowledge.com, offerte en anglais seulement). Les
meilleurs producteurs se distinguent par certaines caractéristiques
comme leur propension à aller chercher des conseils en dehors
de leur milieu. Et comme les agents vulgarisateurs ne sont plus
aussi disponibles, les producteurs se tournent vers d’autres
sources d’information.
Les fournisseurs d’intrants et de matériel. Les sociétés agroindustrielles
cherchent à se positionner comme des sources
d’informations fiables sur les techniques et la production.
Elles développent aussi de solides relations de « chaîne
d’approvisionnement ».
Les banquiers et comptables. Les comptables ne se contentent
plus de préparer les états financiers et les déclarations sur le revenu.
Ils sont devenus des conseillers incontournables sur les nouveaux
programmes de soutien de revenu des gouvernements. « Les
banquiers deviennent aussi des sources d’information pour les
producteurs qui doivent prendre des décisions financières et pour
la planification de tous les aspects financiers de leurs activités »,
constate M. Toma.
Les conseillers agronomes. Après les coupures dans les programmes
de vulgarisation des gouvernements, les agents qui conseillaient
les agriculteurs ont trouvé de nouveaux moyens de travailler avec
les fermiers. Beaucoup sont devenus des experts-conseils en
agronomie et planification des récoltes. Les plus grandes firmesconseils
de l’Ouest du Canada, comme Pike Management Group
et Agri-Trend Agrology, offrent un éventail toujours plus large de
services à des milliers de clients.
Les fournisseurs de services par Internet.
Aujourd’hui, les sites Web agricoles ne sont
plus de simples sources d’information,
mais plutôt des sites de marketing et de
commerce électronique très sophistiqués.
Et cette transformation devrait s’accélérer
au cours des prochaines années. « L’emploi
de l’informatique en agriculture n’est pas
aussi courant que dans les autres secteurs,
précise M. Toma. Beaucoup d’industries
investissent de 5 à 10 pour cent de leur
chiffre d’affaires brut dans le marketing ;
l’agriculture en est loin. »
Les cercles de planification stratégique.
Il paraît que de plus en plus d’exploitants
rencontrent périodiquement leurs équipes
de conseillers pour discuter de stratégie.
La version agricole des conseils d’administration
des entreprises, en somme.
La famille. M. Toma note également que
les familles perfectionnent leurs capacités
de gestion à l’interne. « Parfois ce sont deux
frères, ou un père et un fils ou un mari et
son épouse : les gens trouvent des moyens
de se doter à l’interne des connaissances
en gestion dont ils ont besoin et de travailler
en équipe. »
Il est crucial aujourd’hui que les
exploitations agricoles obtiennent de
bonnes informations au bon moment.
Leur réussite repose de plus en plus sur
leur capacité à établir et à entretenir des
relations avec des conseillers. Les conseils
de M. Toma ? Sortez de votre milieu et
utilisez ce qu’il appelle la solution du
98 pour cent : comme personne n’a plus
de deux pour cent des réponses à toutes
les questions, alors tournez-vous vers des
sources indépendantes pour trouver des
réponses aux 98 pour cent qui restent.
« Au lieu de vous joindre à des associations
professionnelles réunissant des gens qui
font le même métier que vous, joignezvous
plutôt à la Chambre de commerce la
plus proche, dit-il. Pour voir les choses sous
un autre angle, rencontrez des gens avec
lesquels vous n’auriez pas normalement
de contacts. »
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