Le Canada numérique selon le Financial Post : Québec : Multimédia - Incitatifs jurassiques : Occuper le créneau des loisirs interactifs au plus vite
Kathryn Leger, Financial Post : MONTRÉAL, 15 novembre 2000 - La ville qui a fait marcher les dinosaures dans un film il y a près de neuf ans se démarque rapidement comme un pôle de production de contenu multimédia.
La région de Montréal compte près de 350 sociétés multimédias spécialisées dans les nouvelles technologies telles que l'animation 3D, l'imagerie interactive et la production de logiciels et de jeux multilingues.
L'objectif est d'occuper rapidement le créneau en plein essor des loisirs interactifs. Hervé Fischer, philosophe des nouveaux médias et organisateur du Marché international du multimédia de Montréal, voit la métropole devenir un important centre de la technologie numérique pour le cinéma, la radiodiffusion et Internet.
La voie a déjà été tracée par des sociétés telles que Discreet Logic et Softimage, l'entreprise créatrice de la technologie pour le film Le Parc jurassique de Steven Spielberg, selon M. Fischer, qui travaille à la fondation d'un laboratoire canadien des médias orienté vers l'innovation dans le contenu à l'Université Concordia.
Le gouvernement provincial offre des mesures incitatives généreuses au secteur, particulièrement aux sociétés qui s'implantent dans la Cité du multimédia, à côté du Vieux-Montréal. Quatre-vingt-seize sociétés se sont installées dans la Cité depuis sa création il y a deux ans, dont dix filiales de grandes sociétés étrangères. Leur effectif est passé de 2 300 à 4 600 employés pendant ce laps de temps.
Selon les calculs de l'Institut de la statistique du Québec effectués l'an dernier, la taille du secteur du multimédia de Montréal devrait doubler tous les trois ans.
Les investissements récents semblent vouloir corroborer ces chiffres. Motorola Canada (USA) a injecté plus de 100 millions de dollars et créé quelque 500 postes de génie informatique pour un nouveau centre de développement de logiciels dans la Cité.
Gameloft.com, détenue conjointement par Unisoft et Guillemot Corp. de France, investit 80 millions de dollars pour établir un centre de développement mondial pour ses jeux vidéos et Infrogramme Entertainment, également de France, créera 200 emplois dans un nouveau studio numérique dans la Cité.
Tout nouveau qu'il soit, le secteur du multimédia de Montréal complète les grandes activités de trois autres secteurs de technologie de pointe bien établis dans la métropole - l'aérospatiale, les télécommunications et la biotechnologie. Montréal a 45 complexes industriels et « technoparcs » et les investissements des industries de la nouvelle économie ont atteint près de 10 milliards de dollars au cours de la dernière décennie, selon Montréal International, organisme privé sans but lucratif qui s'efforce d'attirer des investissements étrangers dans la ville.
Montréal a plus de 50 % de la production aérospatiale du Canada, 40 % de l'activité de télécommunications et 50 % du secteur biotechnologique canadien.
Si Montréal attire le plus les feux de la rampe pour la haute technologie au Québec, la capitale provinciale s'est, elle, dotée de ce que beaucoup considèrent comme un centre d'expertise de pointe au Québec dans les secteurs en pleine effervescence de la photonique et de l'optique.
Québec, baptisée ville de la photonique par les promoteurs locaux de l'expansion économique, a trois grands centres de recherche consacrés à plusieurs douzaines de créneaux hautement spécialisés, des réseaux neuro-optiques et de l'holographie à l'optique guidée et à la photonique en passant par les systèmes d'arme optoélectroniques.
De 1994 à 1999, la création d'emplois a doublé dans le secteur de l'optique et de la photonique et les fabricants de ce domaine ont enregistré une croissance de 155 % au cours de la même période selon la Société de promotion économique du Québec métropolitain (SPEQM).
Le secteur compte maintenant quelque 15 sociétés qui emploient plus de 1 500 personnes et réalisent un chiffre d'affaires de près de 200 millions de dollars. Sur un autre front, la ville de Québec et l'Université Laval sont classées parmi les premiers centres au Canada pour la géomatique, technologie appliquée à la géographie pour des applications telles que la télédétection. Une trentaine de sociétés employant plus de 500 personnes participent à ce secteur qui croît maintenant au rythme de 30 % par an selon la SPEQM.
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