L'agriculture nord-américaine – Rétrospective annuelle et perspectives 2005
Par David Kohl
Vu du pare-brise d'une voiture, le panorama de l'agriculture nord-américaine change rapidement. Plusieurs événements ont marqué l'année qui se termine, notamment la nouvelle loi sur l'agriculture aux États-Unis, les conditions climatiques, la récession américaine et mondiale, et la poursuite de la concentration sectorielle. Leurs incidences se répercuteront sur les producteurs agricoles et le secteur agroalimentaire jusqu'en 2005 et au-delà.
La nouvelle loi sur l'agriculture américaine
Trois circonstances expliquent l'adoption de la Farm Bill. D'abord, la récession faible et brève aux États-Unis n'a pas suscité la colère du public. Par ailleurs, il y a eu de fortes pressions pour obtenir des votes clés favorables au parti au pouvoir dans les régions agricoles. Enfin, sur fond de guerre contre le terrorisme, Washington a voulu lancer un puissant message en faveur de la protection de la production alimentaire.
Cette loi fera bénéficier l'agriculture américaine de fortes subventions au cours des six prochaines années. Le Canada et l'Europe devront donc agir de leur côté pour soutenir leur secteur agricole. Comme les États-Unis représentent 25 % de l'économie mondiale et réalisent de 33 % à 40 % de la production mondiale, les autres gouvernements devront eux aussi puiser dans leurs coffres.
Les conditions climatiques
Le climat a divisé les agriculteurs en deux groupes. Une récente tournée dans les Dakotas et les provinces des Prairies confirme que les conditions ont été idéales pour certains mais désastreuses pour leurs collègues situés à 30 kilomètres de distance, rappelant Les Raisins de la colère.
La concentration de la production agricole sur des espaces de plus en plus petits l'expose à des cycles de plus en plus imprévisibles et à des écarts plus marqués par rapport aux prix moyens. Les producteurs doivent donc avoir des plans de mise en marché et financiers très solides et entretenir la communication avec leurs prêteurs et fournisseurs.
La récession aux États-Unis et dans le monde
La déconfiture boursière, la crainte du terrorisme et de la guerre au Moyen-Orient, et la hausse du prix du pétrole laissent entrevoir des années de marasme économique mondial. Et ce, malgré la modicité exceptionnelle des taux d'intérêt et le dynamisme des marchés de l'automobile et de l'immobilier en Amérique du Nord.
Pour le secteur agricole, les marchés d'exportation hors d'Amérique du Nord s'annoncent mous. L'Europe et le Japon font face au vieillissement de leur population, à un chômage lourd et à des problèmes budgétaires. La Chine, elle, brille avec une croissance de 7,8 %.
Il est rassurant pour les agriculteurs et l'agro-alimentaire nord-américains de savoir que notre économie et nos gouvernements sont beaucoup plus stables que ceux de nos concurrents d'Amérique du Sud et des autres régions agricoles émergentes. Rassurant aussi que, malgré les nuages sur l'horizon économique, le tiers du pouvoir d'achat du monde se trouve en Amérique du Nord.
La poursuite de la concentration
L'agriculture nord-américaine poursuit sa concentration. Dans l'élevage et la culture de céréales, de fruits ou de légumes, le nombre de producteurs baisse et la production augmente. Résultat : les marges se resserrent grâce aux économies d'échelle.
Pour les 24 à 36 prochains mois, le succès dépendra de l'utilisation judicieuse du capital financier et humain. Comme toujours, le ratio de rotation des capitaux, c'est-à-dire le rapport entre le chiffre d'affaires et l'actif, comparé à celui des chefs de file du secteur donnera une indication des perspectives.
La voie du succès
À l'approche de 2005, les producteurs agricoles devront adopter un plan solide pour gérer les variables maîtrisables et contourner les autres. Une entreprise agro-alimentaire a besoin d'un
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