Jeter des ponts avec les consommateurs
Vous vous rappelez la crise de 1998 dans le secteur du porc : les prix à la production ont alors chuté à des seuils historiques.
Animés par le désir de « faire quelque chose » alors que leur triste sort était étalé à la une des nouvelles, quelques producteurs de porc de l’Île-du-Prince-Édouard ont organisé une « journée de sensibilisation » afin de rencontrer directement les consommateurs et de répondre à toutes leurs questions.
Il semblait tout à fait logique de mettre le porc en vedette à l’occasion d’un tel événement. Les producteurs ont donc donné assez de côtelettes, de rôtis, de côtes levées et de porc haché pour nourrir 1 200 personnes, le tout préemballé dans des portions pour des familles de quatre. (Les porcs ont été fournis par divers producteurs; un abattoir local les a transformés ; les coupes ont été préparées par des bénévoles.) Le groupe a aussi demandé à tous les participants d’apporter une contribution pour la banque alimentaire locale.
La « journée de sensibilisation » a attiré une foule importante et les médias. Les producteurs ont été particulièrement encouragés par le taux de participation et les préoccupations véritables exprimées par les consommateurs.Mais plus important encore, l’événement a permis de jeter des ponts qui n’existaient pas avant entre les consommateurs et les producteurs, indique M. Guy Cudmore, un des organisateurs et producteur de porc dans la région de Charlottetown.
« Les consommateurs sont de plus en plus préoccupés par ce qu’ils mangent, » explique-t-il. « Ils voient des images à la télévision (sur la « vache folle » en Angleterre, par exemple) et ils entendent des choses sur les pesticides et la biotechnologie ; ils sont alors préoccupés par la salubrité et la qualité. »
Les agriculteurs canadiens produisent des aliments sains et nutritifs, poursuit-il, mais ils doivent accepter de communiquer avec les consommateurs et de répondre à toutes leurs préoccupations. « En 1998, nous avions besoin de l’appui des consommateurs pour passer à travers la crise, » se rappelle-t-il, « et nous aurons besoin de la compréhension de la population dans l’avenir pour faire face à d’autres problèmes. »
La sensibilisation suscitée par la publicité est fugace, souligne M. Cudmore. « Bien que je sois moi-même producteur et que je possède 650 acres de céréales, je ne sais pas vraiment ce qui se passe dans l’Ouest canadien, malgré ce que je peux lire ou entendre, » dit-il. « Comment peut-il en être autrement, sauf si je m’y intéresse à fond ou si quelqu’un qui est touché m’en parle? »
« Si nous ne discutons pas avec les consommateurs, ils n’entendent qu’une version des faits et cela peut soulever toutes sortes de questions dans leur esprit. Les consommateurs veulent être rassurés. C’est à nous de le faire. »
En 1999, le groupe a organisé une autre journée de sensibilisation qui a attiré environ 175 personnes. En raison de l’assistance moins nombreuse, il y a eu de la viande de porc en trop. Les organisateurs l’ont donnée aux banques alimentaires.
Après deux journées de sensibilisation, les producteurs de porc de l’Î.-P.-É. ont l’intention d’en faire un événement régulier. « Je pense que les consommateurs apprécient nos efforts de communication avec eux, » conclut M. Cudmore. « C’est tellement simple : si vous voulez que les gens aient confiance en vous et qu’ils comprennent votre situation, donnez-leur la possibilité de mieux vous connaître. »
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