Beaucoup plus qu’une garniture traditionnelle
Leur valeur à titre d’aliment fonctionnel stimule les ventes de canneberges pendant toute l’année.
Les perspectives d’avenir des canneberges doivent résolument être envisagées à plus long terme que celles des dindes qu’elles accompagnent sur les assiettes pendant la période de Noël.
Bien qu’une surproduction récente ait affaibli le prix au producteur, les consommateurs soucieux de leur santé et les marchés d’outre-mer non exploités offrent des possibilités de croissance aux producteurs et aux transformateurs.
La production de canneberges n’est toutefois pas une activité pour timorés. Les frais d’établissement peuvent s’élever à 75 000 $ et plus par hectare. Les nouvelles tourbières à canneberges exigent un délai de trois à cinq ans avant de commencer à produire des fruits et de cinq à sept ans avant que la production ne devienne rentable.
De plus, le secteur n’est pas immunisé contre les bouleversements importants. Après plusieurs années de rendements constants, le prix au producteur s’est effondré en février dernier en raison de plusieurs facteurs qui ont présentement des incidences sur le secteur. Par exemple, bien que la consommation ait augmenté d’environ 3 % par année, la production s’est accrue de 6 % par année. Les producteurs examinent divers plans visant à réduire les superficies cultivées jusqu’à ce que la demande rattrape l’offre.
Comme le souligne M. John Vanderberg, conseiller en développement du marché horticole à Agriculture et Agroalimentaire Canada à Ottawa, « les producteurs établis peuvent être en mesure de composer avec l’état actuel du marché, qui peut toutefois présenter un défi important à un producteur qui n’est actif dans le secteur que depuis quelques années. »
Malgré sa base de production quasi-microscopique, la canneberge est une des cultures fruitières canadiennes à valeur élevée. En 1998, les agriculteurs ont produit 33 000 tonnes de fruits, soit une valeur estimative de 55 millions de dollars, cultivées sur une superficie minuscule de 1 800 hectares. En valeur monétaire, la canneberge est au cinquième rang des cultures fruitières, derrière la pomme, le bleuet, la fraise et le raisin.
Chaque année, presque toute la récolte de canneberges est exportée à des transformateurs aux États-Unis, principalement à Ocean Spray, coopérative de producteurs dont le siège social est aux Massachusetts.
Le Canada et les États-Unis produisent près de 98 % des canneberges vendues dans le monde. Le Wisconsin, le Massachusetts, le New Jersey et les États du nord-ouest sont les principales régions productrices aux États-Unis. Au Canada, 1 750 hectares sont répartis entre la Colombie-Britannique et le Québec, où on cultive plus de 90 % de la production canadienne.
La canneberge est devenue un aliment fonctionnel populaire (voir le Courrier AgriRoyal d’avril 2000). Un verre de jus de canneberge est devenu un aliment de base dans bon nombre de ménages nord-américains, à la suite de la publication, vers le milieu des années 1990, d’études qui indiquaient que la canneberge peut réduire l’incidence d’infection des voies urinaires chez les femmes. Des recherches plus récentes semblent suggérer que la canneberge peut inhiber le développement des tumeurs associées au cancer du sein, contribuer à la prévention des maladies cardiovasculaires et prévenir les infections bactériennes.
Le jus de canneberge — généralement mélangé avec d’autres fruits pour donner des coquetels aux canneberges — se vend très bien. Un des nouveaux produits du secteur, mentionne M. Vanderberg, est le « craisin », un fruit sec qui ressemble au raisin. La canneberge est commercialisée aussi sous la forme de fruits entiers (frais et séchés), de sauce, de gelée, de chutney et de relish, et elle est un des ingrédients d’au moins une céréale aux fruits et aux noix.
Quels que soient les enjeux liés aux prix et à la production, les possibilités sont nombreuses. Les qualités d’aliment fonctionnel de la canneberge devraient être un fort argument de vente dans les marchés d’outre-mer grâce à une promotion efficace et à l’innovation continue en matière de produits. Comme le souligne M. Vanderberg, « le développement de nouveaux produits et les nouveaux marchés d’exportation sont les clés du succès. »
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