Goûtez à la vie
Les décisions liées au mode de vie sont le fondement du modèle d’entreprise de demain. par David Kohl
Dernièrement, j’étais sur la route entre Calgary et Red Deer, en Alberta, en compagnie de quelques chefs d’entreprise. Chacun parlait du rythme accéléré du travail et des exigences croissantes à satisfaire au nom d’une rentabilité toujours plus grande. Chaque passager a exprimé à peu près la même idée : « Tout cela en vaut-il la peine ? »
La même réflexion a lieu en agriculture. L’été dernier, à un séminaire pour jeunes producteurs au Michigan, j’ai fait la connaissance d’un jeune éleveur et de sa famille qui venaient de tourner le dos à un projet d’expansion payant qui aurait ajouté 8 000 porcs à une exploitation familiale déjà imposante. Pourquoi ? Le couple voulait consacrer plus de temps aux activités des enfants.
Bienvenue dans le monde turbulent et survolté du XXIe siècle ! Dans le passé, des générations de fermiers et d’éleveurs ont sacrifié qualité de vie, temps en famille et activités sociales pour joindre les deux bouts dans leur travail. Les producteurs d’aujourd’hui veulent trouver l’équilibre entre les exigences liées au mode de vie – temps, argent, emplacement et organisation – et leur modèle d’entreprise et de rentabilité.
Priorité à l’emplacement
Des études de la Réserve fédérale américaine révèlent que deux tiers des régions rurales nord-américaines perdent des habitants. Ces collectivités sont caractérisées par une population vieillissante et le départ d’écoles et d’entreprises agricoles vers d’autres régions. Dans le tiers des collectivités où la population augmente, le nombre d’entreprises agricoles, d’écoles et d’autres services augmente aussi. Pour les jeunes agriculteurs et éleveurs, le choix de l’emplacement est crucial pour l’entreprise et la famille à long terme, dans l’optique du transfert de la propriété.
Temps précieux
C’est dans une foire agricole à Red Deer que j’ai vu une moissonneuse-batteuse de 350 000 $ offrant le confort d’une maison. La technologie rendant le travail moins exigeant physiquement, certains agriculteurs exploiteront encore leur ferme à 70 et 80 ans, et plus tard encore. C’est ce qui fait que le modèle d’entreprise et le mode de vie de l’avenir conviendront à un nouveau genre d’entrepreneur.
Au fil des séminaires que je donne partout au pays, je croise des producteurs qui conservent un emploi à temps plein tout en dirigeant une entreprise agricole vaste et complexe. Pour certains, c’est un moyen d’échapper au stress, pour d’autres c’est une façon de rester à la fine pointe et compétitifs dans leur emploi.
Conférence sur le transfert de ferme
Dr David Kohl sera l’un des conférenciers invités à la Conférence nationale sur le transfert de ferme, qui se tiendra du 9 au 11 mai, à Winnipeg, au Manitoba.
Pour plus de renseignements, consultez le
www.cfbmc.com/transfertdeferme/
ou composez le 1 888 232-3262.
L’essentiel
Que l’exploitation soit axée sur le produit ou sur la valeur ajoutée, il est primordial de définir la vision et les objectifs de l’entreprise, de la famille et des individus. Ces questions dites subjectives doivent être étudiées et faire l’objet d’un consensus avant la mise en œuvre du modèle d’entreprise.
Ensuite, il ne faut pas oublier que les visions, les rêves et les objectifs évoluent. Les priorités peuvent changer en dix ans, selon l’âge des enfants et des autres membres de la famille, et créer de nouvelles exigences pour les partenaires de l’entreprise. L’exploitant agricole est un peu comme le chasseur dont la cible se déplace continuellement. Les visions et les objectifs doivent donc être réexaminés périodiquement.
Gérer l’agriculture de demain est une question de choix éclairés. Il faut savoir équilibrer les attentes liées au mode de vie et à l’entreprise de façon à ce que les unes et les autres soient comblées de façon durable, dans un secteur en constante évolution.
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