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Un concept innovateur sur le marché du jardinage

Une entreprise vouée aux fleurs sauvages et aux graminées indigènes, et un couple doué pour le marketing.

Le rituel consacré du jardinage en ce pays veut que, le printemps venu, les gens se rendent à leur centre jardinier acheter des plantes à floraison annuelle. Sitôt le risque de gel au sol écarté, n’y tenant plus, les amants des fleurs passent des jours à garnir leurs platebandes d’annuelles. Tout l’été, les plantes seront couvertes d’eau et d’engrais, et traitées avec soin.

Nous voici maintenant à Wildflower Farm, près de Coldwater, en Ontario, l’entreprise horticole innovatrice de Paul Jenkins et de Miriam Goldberger. Au cours des 20 dernières années, ce couple a révolutionné le centre jardinier classique. Un plateau de pétunias pour vos platebandes ? Désolé. Besoin d’insecticide pour le potager ? Pas ici.

Wildflower Farm vend plutôt ce que les propriétaires appellent des solutions d’aménagement paysager naturel à faible entretien, fondées sur une grande variété de fleurs sauvages et de graminées indigènes et vivaces. Des passionnés de jardinage se procurent chaque année leurs plantes, graines et mélanges de semences sur place, à la propriété de la région d’Orillia. D’autres se renseignent et font leurs achats sur le site Web de l’entreprise, www.wildflowerfarm.com.

Les ventes ont augmenté de 40 % en 2006, puis ont doublé en 2007, portant le chiffre d'affaires annuel de Wildflower Farm à un million de dollars. Qu’est-ce qui propulse cette entreprise ? Mme Goldberger croit qu’elle est portée par une vague de changement des goûts des consommateurs.

« Il y a dix ans, l’environnement n’était pas une grande préoccupation, souligne-t-elle. Aujourd’hui, plus de gens font des liens. Ils constatent dans leur vie les effets de phénomènes climatiques étranges. Ils fuient les pesticides et voient des changements dans les règlements concernant l’eau et l’irrigation. »

Selon elle, nombre de consommateurs renoncent à perpétuer le jardinage traditionnel axé sur les annuelles. Sans entretien ou presque, les plantes indigènes et les variétés de pelouse résistantes à la sécheresse offertes par son entreprise ne laissent pas indifférents les propriétaires de maison déjà à court de temps libre.

Débutants en horticulture, expérimentés en affaires

Le parcours souvent classique en agriculture – ferme familiale, études en agriculture, expérience dans l’industrie puis retour à la ferme – n’a pas été celui du couple Goldberger-Jenkins. Natifs l’un du New Jersey, l’autre de Toronto, ils ont travaillé à leur compte dans les secteurs du graphisme et de l’édition de nombreuses années, à la tête de plusieurs entreprises.

Aujourd’hui, Mme Goldberger et M. Jenkins se répartissent les responsabilités de gestion quotidiennes selon leurs talents et leurs préférences individuelles. Elle s’occupe du marketing et des ventes au détail, lui, veille à la production et aux finances.

Sans bagage formel en horticulture à leurs débuts, ils ne se sentaient pas non plus liés par la tradition horticole. Au fil d’essais et d’observations, ils ont élaboré leurs propres stratégies pour la culture des plantes indigènes et leur utilisation des aménagements paysagers, remettant souvent en cause les vues traditionnelles.

« Dans tous les ouvrages que nous lisions, on disait de placer les plantes basses à l’avant et les grandes à l’arrière, dit M. Jenkins. Pour nous, cela n’avait pas de sens. Nous préférons faire l’inverse. De cette façon, les plantes en fleurs sont toujours visibles et le dépérissement est caché à mesure que la saison avance. »

Questions de marketing

Chaque année, Wildflower Farm ouvre ses portes le 22 avril (Jour de la Terre) et ferme à la fin de septembre. Les ventes par Internet qui se poursuivent tout l’hiver constituent une source importante de revenus hors-saison.

Les Goldberger-Jenkins ont beaucoup investi dans le marketing et le traitement des ventes par Internet. Ils ont consacré beaucoup de soin à la conception et à la fonctionnalité de leur site Web, mais également à la logistique subséquente, pour expédier les produits de manière efficace et au bon moment.

« Nous ne tenons pas de statistiques sur le nombre absolu de visites du site Web, parce que cette information ne dit pas grandchose, explique M. Jenkins. Nous suivons par contre le nombre de visiteurs individuels et savons que notre site est consulté par 800 personnes par jour en moyenne, douze mois par année. »

Pour l’avenir, les propriétaires pensent avoir trouvé le dosage de production à peu près idéal. Ce qui continuera de particulariser cette exploitation agricole, c’est un don pour le marketing. En 2007, Wildflower Farm a planté un site de démonstration de prairie d’herbes hautes de 1,25 acre qui formera un labyrinthe de fleurs sauvages au cours des prochaines années. Ce site fera découvrir aux consommateurs le potentiel des plantes indigènes, et l’attention du public et des médias qui en résultera devrait stimuler les visites et les ventes.

Ce couple a peut-être emprunté un chemin inusité en agriculture canadienne. Mais son expérience met en relief des principes d’engagement personnel et de dévouement à l’entreprise chers à tous les agriculteurs.

Selon Mme Goldberger : « Faire pousser une plante et la mettre en marché sont deux choses bien distinctes. Notre philosophie est de continuer à travailler fort chaque jour sur tous les aspects de l’entreprise. »

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08/23/2010 11:38:21