Le cybercommerce réinvente le commerce des grains au Canada
Les entreprises qui font le commerce électronique des grains visent les billions de dollars en chiffre d’affaires.
L’Internet est un carrefour de plus en plus achalandé. Selon un rapport récent de l’Association des banquiers canadiens, le trafic dans Internet double tous les 100 jours. Le cybercommerce – c’est-à-dire l’achat et la vente en ligne – double chaque année. À l’échelle mondiale, les affaires électroniques pourraient dépasser le billion de dollars d’ici 2002. Les estimations tirées d’un rapport d’Agriculture et Agroalimentaire Canada indiquent qu’il y aura, d’ici un an, presque 1 000 sites commerciaux liés à l’agriculture dans Internet. Le rapport souligne par ailleurs que même si l’agriculture est venue un peu tardivement à la nouvelle technologie, « elle marquera une véritable révolution dans l’ensemble du secteur. » Alors, bienvenue à la révolution.
Des échanges en temps réel
AgriPlace, qui s’affiche elle-même comme la seule bourse des grains complètement fonctionnelle dans Internet, est devenue opérationnelle en mars 2000. Grâce à deux sites – GrainPlace (www.grainplace.com) et InputPlace (www.inputplace.com) – les acheteurs et les vendeurs de grains et d’intrants agricoles sont réunis pour des transactions électroniques en temps réel. GrainPlace s’occupe du commerce des grains alors que InputPlace propose un marché centralisé où les producteurs peuvent acheter et vendre des engrais et des produits antiparasitaires. AgriPlace, le site principal, est le carrefour où on propose des analyses de marché indépendantes, des articles sur l’agronomie et de l’information sur la planification des cultures.
Filiale de Verida Internet Corp., une société de San Francisco, AgriPlace dessert le marché agricole de l’Ouest canadien. Selon le directeur de GrainPlace, Dave Seifridt, le volume total des échanges effectués à ce jour par le biais du site est de 18 millions de boisseaux de grains, soit une valeur de 10 millions de dollars américains. Près de 500 agriculteurs, revendeurs de grains, exploitants de parcs d’engraissement, transformateurs et courtiers y font commerce quotidiennement. « Nous comptons 40 nouveaux négociants chaque mois et nous faisons le commerce de 20 000 à 25 000 tonnes métriques de grains par mois. » Le site reçoit environ 10 000 « visites » par jour et les agriculteurs consacrent en moyenne 15 minutes par visite. GrainPlace offre à ses clients l’assurance de qualité SGS, des cotes boursières en temps réel et des services intégrés de transport des grains partout au Canada et aux États-Unis.
Marier l’ancien et le nouveau
Selon Michael Hinshaw, président et chef de la direction de Verida, la tendance vers les « marchés sur Internet » permet de réunir les meilleurs éléments du commerce classique et les meilleurs éléments du commerce électronique.
« AgriPlace fournit des services et des rapports agronomiques sur Internet aux agriculteurs qui avaient l’habitude de demander une visite sur place par un agronome chaque fois qu’ils voulaient une recommandation, » raconte M. Hinshaw. « Grâce à l’Internet, nous automatisons certaines étapes du processus en analysant les sols, en faisant des recommandations et en remettant des rapports par voie électronique. » Les revenus proviennent des frais de transaction qui vont de 1,5 % à 5 %. Aucuns droits d’adhésion ou frais d’administration ne sont facturés.
Pas d’ordinateur ? Pas de problème !
Pour utiliser les services d’AgriPlace, les agriculteurs s’enregistrent, remplissent une convention d’utilisation (une seule fois), puis téléchargent le logiciel qui leur permet de négocier de la Colombie-Britannique jusqu’à l’ouest de l’Ontario. M. Seifridt souligne qu’une formation est offerte, de sorte que les agriculteurs peuvent inscrire leurs propres ordres en ligne et commencer eux-mêmes à négocier. Les agriculteurs qui n’ont pas accès à Internet peuvent faire appel à des fournisseurs de service ou à des courtiers basés à Winnipeg, à Regina et à Calgary.
Mais qu’en est-il de l’assurance de la qualité ? Comment connaître la qualité de ce qu’on achète ? M. Seifridt indique qu’une vérification indépendante de la qualité est offerte par le biais de l’affiliation entre AgriPlace et SGS Canada à Winnipeg.
L’avenir d’AgriPlace ne semble limité que par le nombre de clients qu’elle peut attirer. M. Hinshaw cite des statistiques selon lesquelles, au Canada seulement, 60 000 céréaliculteurs vendent pour 7,8 milliards de dollars de grains chaque année. Il estime que 30 % de ces producteurs se tourneront vers le commerce électronique. Les projets de l’entreprise comprennent l’ajout de CattlePlace au carrefour ainsi que l’expansion des services au reste du Canada et des États-Unis. La révolution est bel et bien commencée.
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