Le bois, pour faire baisser les frais de chauffage d’une serre
Inquiets des prix du gaz naturel, certains producteurs installent des systèmes de chauffage au bois.
Que peuvent faire les exploitants agricoles
quand les prix du gaz naturel augmentent ?
Suivre la situation de près et attendre que
ça passe. Les fermiers qui dépendent
fortement des engrais azotés, dont l’un des
principaux ingrédients est le gaz naturel,
ne peuvent pratiquement rien faire contre
les hausses de prix.
Les exploitants de serres dépendent aussi
du gaz naturel pour chauffer leurs serres
et enrichir l’air en gaz carbonique, mais
eux peuvent au moins se tourner vers une
autre source : le bois. Certains producteurs
de la Colombie-Britannique, par exemple,
brûlent du bois qu’ils trouvent en abondance
et à bas prix, en raison de l’abattage massif
des arbres endommagés par le dendroctone
du pin ponderosa.
Près de Kettleby, au nord de Toronto, dans
la région des marécages Holland Marsh,
l’abondance du bois ne vient pas du
dendroctone du pin, mais d’un marché de
la construction résidentielle en plein essor.
Depuis 1980, les établissements Foothill
Greenhouses utilisent presque exclusivement
les résidus de bois laissés sur les sites
de construction de la région pour chauffer
les serres où ils cultivent des concombres
sans pépin. Pendant ces années, la superficie
des serres est passée de 3 à 15 acres, dont
14 acres à double paroi de polyéthylène et
1 acre sous verre.
Des investissements importants
Ron Voorberg, qui a repris les serres créées
par son père dans les années 1950, dit que
le chauffage au bois (il utilise aussi du gaz
naturel pour produire le CO2) est une bonne
solution qui lui permet d’atténuer les
incertitudes et les coûts de chauffage
supportés par les exploitants qui n’utilisent
que le gaz naturel.
Il s’approvisionne auprès de quatre
fournisseurs et brûle le bois pour chauffer
l’eau, qu’il stocke dans de grands réservoirs.
Son système ressemble un peu au système
d’eau chaude d’une maison. Mais il prévient
que le chauffage au bois n’est pas une
mince affaire.
« Cela demande de gros investissements,
explique-t-il. Une installation au bois coûte
environ cinq fois plus cher qu’une
installation au gaz. Il faut être prêt à faire des
remboursements pendant cinq ou six ans. »
Un gros travail de gestion
Les serres Foothill ont connu plusieurs
phases d’expansion au cours des 30 dernières
années. Pour le système au gaz, il a suffi
d’ajouter une canalisation. Mais pour la
dernière phase, en 2007, M. Voorberg a dû
refaire toute l’installation de son système
de chauffage au bois. Il a augmenté ses
capacités de stockage de l’eau chaude de
500 000 à 2 millions de litres. Un exemple
parmi d’autres qui montre que le chauffage
au bois est toute une entreprise.
« Nous disons toujours que nous faisons
deux choses ici, dit M. Voorberg. Nous
faisons pousser des concombres et nous
brûlons du bois. Nous devons être prêts à
prendre livraison du bois quand il y en a
et à l’entreposer en attendant d’en avoir
besoin. On peut se retrouver avec plusieurs
milliers de tonnes de bois et il faut aussi le
couper et le ranger. »
Au fil des ans, M. Voorberg a appris à prendre
en charge ces nouvelles responsabilités. Et
aujourd’hui, alors que les prix du gaz naturel
n’ont jamais été aussi volatiles, il apprécie
la tranquillité d’esprit que la conversion
au bois lui a donnée.
« Nous savons combien nos équipements
nous coûtent et nous savons ce que notre
bois nous coûte, constate-t-il, et je suis bien
content d’avoir cette certitude. »
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