Des petites qui en ont dedans !
Vous n’avez pas besoin d’être gros pour réussir. Les plus petites exploitations gagnent la faveur des consommateurs et apportent une précieuse diversité sur le marché.
Ferme d'agrément ? Pour certains, cette expression peut sembler offensante. Elle suggère des gens qui ne prennent pas ce qu’ils font très au sérieux, ou pour qui les résultats importent peu.
Supposons que nous adoptions une bien meilleure expression pour désigner les plus petites exploitations agricoles canadiennes. Pourquoi pas des micro-exploitations agricoles. Après tout, personne ne dit des brasseries Sleeman, Unibroue et Big Rock qu’il s’agit de brasseries « d’agrément ».
Ces micro-brasseries, minuscules par rapport aux gros brasseurs, mettent l’accent sur le goût, les petites quantités et le soin associé au travail artisanal. Même si elles ne contribuent qu’à un petit pourcentage du volume total de production, elles ont bâti un marché viable auprès des consommateurs.
Une petite - voire une micro - exploitation agricole peut-elle en faire autant ?
Selon Wendell Joyce, directeur général du Conseil canadien de la gestion d’entreprise agricole, cela se produit partout au pays.
« Comparativement aux grandes exploitations agricoles, ces plus petites entreprises contribuent à une très petite part de la production alimentaire totale, dit-il. Mais regardez ce qu’elles font. Elles relient les consommateurs à l’agriculture, elles préservent le Canada rural et exploitent des entreprises autonomes sur le plan commercial. »
Alors que les grandes exploitations mettent l’accent sur un faible coût unitaire - le montant par boisseau ou par livre de céréales -, les micro-exploitations agricoles ont d’autres priorités. D’après ce que M. Joyce a pu observer, elles tendent à être plus diversifiées, à mettre l’accent sur la valeur ajoutée et à toucher le consommateur le plus possible. L’idée est de faire quelques dollars de plus en misant sur le traitement à la ferme et sur les ressources accessoires, comme les boisés, les ventes directes au consommateur et même l’agritourisme, dans une certaine mesure.
« Ce ne sont en aucune façon des débouchés inépuisables, précise M. Joyce, mais le plein potentiel de ces stratégies n’a pas encore été exploité. »
LA RÉUSSITE,UNE CITROUILLE À LA FOIS
On peut appeler Strom’s Sweet Corn une ferme d’agrément si on veut. Mais tout de même, avec ce genre de revenus à l’acre, c’est un genre de passe-temps que beaucoup de gens aimeraient essayer.
Depuis 25 ans, Jay et Margaret Strom accueillent les consommateurs à leur exploitation agricole de 60 acres dans la région de Guelph, en Ontario. Populaire pour les sorties scolaires et les visites en famille le week-end, l’exploitation consacre 45 acres à la culture du maïs sucré et 14 acres à la culture de la citrouille.
À 6 $ la douzaine, les ventes de maïs sucré peuvent générer jusqu’à 1 500 $ l’acre. En octobre, les Strom vendent plus de 7 000 citrouilles, pour un revenu brut pouvant atteindre les 4 000 $ l’acre.
Compte tenu de leurs ressources limitées, les Strom savent qu’ils ne risquent pas de jeter General Foods à la rue de si tôt. Mais ce n’est pas ça l’important.
« Je crois que nous devons informer le consommateur, dit Marg Strom. Il veut en savoir plus sur ce qu’il mange, et c’est ce que nous faisons. J’aime voir les familles venir à la ferme. Les gens savent que nous offrons un bon produit et un environnement agréable. »
Ferme d’agrément ? De grâce ! Comme des centaines de petites agroentreprises canadiennes, Strom’s Sweet Corn est une micro-exploitation agricole, et une bonne.
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