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Le Canada numérique selon le Financial Post : Atlantique : Télécoms : Faire partie des grands en restant chez soi : Des technologies de pointe créées sans fracas
Jill Vardy, Financial Post, 15 novembre 2000 : Native de l'Ontario, Cindy Burton a mis sur pied une entreprise de technologie à Vancouver. Il y a trois ans, elle a déménagé son entreprise à Charlottetown. Depuis, elle vante le Canada Atlantique, ce paradis de la haute technologie. Son entreprise Internet, iWave.com Inc., est maintenant bien implantée dans la petite communauté technologique de l'Íle-du-Prince-Édouard. Elle fait partie des centaines d'entreprises technologiques qui poussent un peu partout dans la région, attirées par la qualité de vie, la loyauté de la main-d'œuvre et la possibilité qu'elles ont de devenir de gros poissons dans une kyrielle de petits étangs.
On ne trouve pas beaucoup de géants ici - pas de Nortel ni de Geac Computers - mais plut ôt des entreprises qui mettent tranquillement au point des technologies de pointe tout en offrant aux travailleurs de la région la possibilité de mener une carrière épanouissante sans avoir à déménager en Ontario ou aux États-Unis.
Les quatre provinces de l'Atlantique - le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, l'Íle-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve et le Labrador - possèdent encore des secteurs technologiques relativement petits par rapport à l'Ontario et au Québec. Le choix de la ville de Charlottetown peut surprendre, mais Cindy Burton y a établi iWave pour une raison qui n'a rien à voir avec le hasard : elle voulait un fuseau horaire qui lui permette de commencer ses journées avant ses clients, qui sont pour la plupart dans des fuseaux de l'Est. IWave met au point des produits Internet que des clients comme l'Université Harvard, l'Armée du Salut et la Croix rouge américaine utilisent pour des campagnes de financement de haut vol.
« Les Maritimes me paraissaient être un bel endroit, où j'aurais la qualité de vie que je recherchais », dit Mme Burton. Alors en 1997, l'entreprise et deux employés ont déménagé de Vancouver à l'emplacement actuel, au deuxième étage d'un immeuble abritant une société de fiducie au centre-ville de Charlottetown. IWave compte aujourd'hui 40 employés. « Ce fut un défi et une expérience positive à la fois, raconte-t-elle. L'aspect positif, ce sont les employés loyaux qui prennent plaisir à faire un travail spécial, un travail qui va au-delà des limites de la plupart des emplois par ici. L'envers de la médaille, c'est que je dois sortir des Maritimes pour amasser du capital. Les gros investisseurs disent qu'il est frustrant d'avoir à se rendre ici, poursuit-elle. Alors je dois sortir pour avoir accès à du capital, et nous risquons de passer à c ôté du savoir-faire que les gros investisseurs apportent la plupart du temps. »
Le secteur de la haute technologie représente environ 5 % du produit intérieur brut total du Canada Atlantique, selon le Conseil économique des provinces de l'Atlantique (CEPA). C'est moins que la moyenne nationale, mais la proportion augmente d'année en année.
« La question qu'il faut se poser, dit Elizabeth Beale, présidente et économiste en chef du CEPA, est la suivante : Est-ce que ce chiffre augmente assez rapidement ? Réussissons-nous à attirer dans notre région des entreprises de technologie de l'information de haut calibre et axées sur l'exportation ? » Selon le CEPA, le Canada Atlantique compte près de 100 000 travailleurs de la technologie, regroupés surtout autour de Halifax et, dans une moindre mesure, dans les régions de St. John's, Saint John et Fredericton. La plupart des entreprises de technologie de l'Atlantique fabriquent des logiciels ou offrent des services liés à la technologie de l'information, plut ôt que du matériel. Les logiciels de télécommunications sont particulièrement importants, en raison surtout de l'influence du consortium de compagnies de téléphone d'Aliant dans l'Atlantique.
Le Canada Atlantique produit en majeure partie des technologies appliquées destinées à une fin précise, que ce soit l'aquaculture, l'exploration pétrolière et gazière extrac ôtière, les communications par satellite, le télé-apprentissage ou la télémédecine.
La plupart des spécialistes s'accordent pour dire que la disponibilité de travailleurs qualifiés ne fait pas obstacle à la croissance des entreprises de technologie dans l'Atlantique. Il en sort des milliers des universités, et un grand nombre d'entre eux préfèrent rester dans leur région plut ôt que de s'exiler. Les cadres supérieurs, par contre, se font rares.
« Le défi, c'est de recruter des cadres, admet Mme Burton. Dans cette région du pays, on n'aime pas le risque. Or, si vous quittez votre emploi payant dans l'administration publique ou dans une industrie traditionnelle pour tenter votre chance dans la haute technologie, vous ne pourrez pas nécessairement réintégrer votre premier emploi si les choses ne vont pas comme prévu. »
Heureusement, une fois que les entreprises ont réussi à les recruter, ces cadres ont tendance à rester.
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