Le triple bilan
Dans la gestion holistique, la réussite
se mesure à plus qu’au seul bénéfice
La gestion holistique, ce n’est pas seulement une manière de gérer une entreprise agricole, dit Noel McNaughton. C’est aussi une façon d’augmenter les bénéfices et de changer la manière de vivre des gens et leurs relations avec la terre qu’ils exploitent.
La gestion holistique est un système de gestion développé par Allan Savory, un fermier et biologiste spécialiste de la faune, il y a une vingtaine d’années, qui englobe l’agriculture, la terre et la faune.
Depuis le début des années 90, M. McNaughton a enseigné les principes de la gestion holistique à des centaines de familles d’agriculteurs et d’éleveurs, de chefs d’entreprise et de fonctionnaires au Canada et aux États-Unis.
« La gestion holistique est une approche révolutionnaire mais logique de la prise de décision, souligne M. McNaughton. Au lieu de se concentrer uniquement sur les finances, comme la gestion traditionnelle, la GH intègre le développement durable écologique, social et économique et prend en compte les besoins des gens et de la terre. »
M. McNaughton, éducateur agréé du Allan Savory Centre for Holistic Management, explique que la GH est basée sur le holisme, un concept selon lequel ’univers est formé de courants et de relations qui forment un tout indivisible.
UNE VISION D’ENSEMBLE
Avant d’établir un cadre de gestion pour une entreprise agricole, il faut définir les trois grands ensembles qui la constituent :
Les gens qui interviennent activement dans les décisions, c.-à-d. les propriétaires, les gestionnaires, les employés et le conseil d’administration.
La ressource de base qui soutien la production ou l’exploitation de l’ensemble. Dans l’agriculture, il s’agit essentiellement de la terre.
L’argent – Le capital disponible pour faire fonctionner l’exploitation. L’argent en main et le revenu que les exploitants peuvent générer, ainsi que tous les crédits disponibles.
« SANS VISION, PAS DE VIE »
Une fois ces trois éléments définis, il faut se doter d’un but ou d’une vision pour donner un sens à la direction de l’exploitation. Comme la GH s’appuie sur la collaboration et non sur la hiérarchie, il est extrêmement important que tous ceux qui participent au fonctionnement de l’exploitation contribuent également à la définition de la vision.
« La vision décrit ce que les gens veulent et non comment ils obtiendront ce qu’ils veulent », précise McNaughton.
« Pour être parfaitement holistique, dit M. McNaughton, la vision, ou le “but holistique” comme on dit, doit couvrir trois aspects qui ne peuvent être déterminés qu’en posant quelques questions importantes.
Qualité de vie
« Compte tenu des valeurs qu’ils choisissent pour régler leur vie et fonctionner, qu’est-ce que les membres de l’entreprise veulent de la vie ? Quelles valeurs veulent-ils exprimer dans leurs relations de travail avec les autres et sur quels principes l’entreprise veut-elle s’appuyer ? »
Production
« Comment se procureront-ils l’argent ou les revenus nécessaires pour faire ce qu’ils veulent ? Que faut-il faire pour créer ou réaliser tous les autres aspects de la qualité de vie qu’ils veulent ? Prenons les producteurs. Ils n’élèvent pas un troupeau, ils font pousser de l’herbe et le troupeau est le moyen de transformer l’herbe en argent. »
Description de l’état futur de la ressource demain
« Il faut décrire l’état dans lequel la ressource de base devra se trouver pour assurer une production durable. Pour une ferme ou un ranch, cela concerne le sol et l’état de son écosystème. »
M. McNaughton estime que toutes les organisations et entreprises, qu’elles soient propriétaires ou non de la terre, doivent préparer un document décrivant l’état souhaité de l’écosystème dans et autour de leur collectivité, voire pour leur province, leur pays et même le monde entier.
« Nos décisions quotidiennes – les achats que nous faisons, le véhicule que nous conduisons, les aliments que nous consommons – ont un impact sur l’écosystème, et un écosystème sain est le seul vrai capital qui permet aux civilisations de durer », dit-il.
METTEZ VOS DÉCISIONS À L’ÉPREUVE
La gestion holistique s’appuie sur des Directives d’essai, c.-à-d. un processus analytique perpétuel se composant de plusieurs questions. Ces questions permettent de scruter chaque décision pour s’assurer qu’elle est bonne du point de vue social, économique et écologique. Si vous décidez de vous lancer dans une nouvelle culture, d’embaucher du personnel ou de vous débarrasser des mauvaises herbes, ces questions vous donneront un cadre de réflexion qui vous aidera à décider si vos actes vont bien dans la direction que vous voulez prendre.
Pour M. McNaughton, de tous les modèles de gestion disponibles aujourd’hui, seule la gestion holistique tient compte des trois ingrédients de base : les gens, l’argent et la ressource de base.
« Un des grands avantages de la GH est qu’elle amène les gens à se parler de ce qu’ils veulent puis leur donne les outils nécessaires pour l’obtenir. C’est le seul modèle de gestion à le faire », conclut M. McNaughton.
|