La vente de terres
agricoles s'emballe
Un agent immobilier spécialisé en exploitations agricoles précise quels éléments contribuent le plus aux ventes.
La firme immobilière de Bob Lane a vendu 223 fermes en Saskatchewan, au Manitoba et en Alberta l'année dernière, ce qui représente une hausse de 20 % par rapport aux 183 propriétés agricoles vendues en 2003.
Puisqu'il vend plus de quatre fermes par semaine, M. Lane, un agent immobilier de la région de Regina, est devenu une autorité en la matière.
« Certaines banques me disent qu'elles n'ont jamais été aussi occupées à préparer des hypothèques agricoles, précise M. Lane. Le marché a été au ralenti pendant quelques années, mais je pense que nous sommes sur la bonne voie. » Voici pourquoi.
Les entrepreneurs agricoles rééquilibrent leurs portefeuilles en se tournant vers les terres agricoles. M. Lane croit qu'après trois années de rendements plus ou moins intéressants sur les marchés, de nombreux producteurs ont décidé de se concentrer sur la catégorie d'actif qu'ils connaissent le mieux.
« C'est de la terre que provient le patrimoine familial, explique-t-il, et les producteurs sont très à l'aise dans ce contexte. »
Les taux d'intérêt restent bas. La Banque du Canada a haussé le taux officiel d'escompte deux fois à l'automne de 2004. Cette tendance pourrait-elle ralentir un marché qui s'emballe ? M. Lane ne le croit pas.
« Les taux d'intérêt n'ont jamais été aussi bas au cours des 30 dernières années », dit-il, en notant que les producteurs pensent encore que les modalités de crédit sont très avantageuses.
La réglementation environnementale favorise l'achat de terrains. Dans plusieurs régions du Canada, les producteurs de bétail sont soumis à des règlements plus stricts en matière de gestion du fumier. Lorsqu'un agriculteur a épandu du fumier sur une terre louée, il est tentant d'acheter celle-ci, pour continuer d'y avoir accès au cours des années ultérieures.
Des plantes à fort rapport économique
ajoutent de la valeur au terrain. De nombreux agriculteurs de la région de M. Lane ont enregistré d'excellents résultats en ce qui concerne les récoltes de légumineuses au cours des dernières années. Les zones favorables à ce type de culture - comme le Sud-Ouest de la Saskatchewan et les plaines de Regina - attirent les locataires. « Les agriculteurs recherchent des locations à court terme afin de cultiver les légumineuses », explique M. Lane. Dans de nombreux cas, les locataires à court terme finissent par acheter les terrains.
Les propriétaires de fermes d'agrément fuient la ville. Dans tout le Canada, les terrains agricoles qui sont situés près d'une grande ville sont pris d'assaut par les citadins qui veulent vivre à la campagne. L'offre limitée de terrains, combinée à une offre semble-t-il illimitée de propriétairescultivateurs, a fait grimper les prix.
Les Européens continuent d'acheter des terres au Canada. Au cours des dix dernières années, l'immigration d'agriculteurs européens au Canada représente une part importante des ventes d'exploitations agricoles. Bien que certains rapports indiquent que cette tendance s'atténue, M. Lane croit qu'il y a encore place à l'augmentation. Il estime qu'en 2004, 10 % des propriétés agricoles vendues par son agence immobilière ont été achetées par des immigrants européens, principalement de l'Allemagne et de la Grande-Bretagne.
« Nous avons noté que qu'ils accordent une grande importance aux exploitations agricoles bien aménagées et de belle apparence, mentionne M. Lane. Ils ne se contentent pas d'évaluer le potentiel agricole du terrain. »
Le transfert intergénérationnel est sur la bonne voie. D'après M. Lane, la prise de possession de terres agricoles par la jeune génération représente une excellente nouvelle. Bien sûr, les transferts ont souvent lieu au sein d'une même famille. Mais on note que, de plus en plus, les nouveaux propriétaires qui s'installent dans les Prairies proviennent d'autres régions du Canada.
« Nous constatons que de nombreux jeunes viennent s'installer ici, précise M. Lane. C'est tout à fait logique. Par exemple, un agriculteur qui vend une ferme dans le Sud de la Colombie-Britannique peut s'établir ici et garder une partie de l'argent à la banque. Il peut ainsi profiter d'une capitalisation élevée et bien se positionner pour l'avenir. »
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