Quelques réflexions de M. Kohl
Les prix de nombreuses cultures ont monté en flèche en 2007. S’agit-il d’une bulle dont les producteurs devront se méfier en 2008 ou est-ce simplement « la nouvelle norme » ?
À mon avis, la conjoncture en agriculture comporte des éléments qui doivent inciter
à la prudence. La montée des prix des cultures est bien sûr due en grande partie à l’essor
du secteur de l’énergie renouvelable. Celui-ci est stimulé par les prix élevés du pétrole,
eux-mêmes propulsés par la forte demande de l’Inde et de la Chine. Si la demande
de ces pays chute, le prix du baril baissera et le secteur de l’énergie renouvelable en
pâtira. De fait, celui des biocarburants a déjà perdu un peu de son éclat. Des neuf
projets d’usines d’énergie renouvelable qui étaient sur les planches à dessin aux
États-Unis au début de 2007, trois ont été annulés à l’automne. Les calculs n’étaient
plus favorables et les investisseurs n’étaient plus disposés à financer la construction.
Un deuxième facteur pousse les prix des cultures à la hausse : les changements d’habitudes
alimentaires dans les pays en voie de développement. Dans ce cas-ci encore, si ces
économies ralentissent, la demande de cultures sera moindre et les prix le refléteront.
Personnellement, cela m’inquiète de voir à quel point les prix des terres agricoles ont
grimpé à divers endroits en Amérique du Nord. Les producteurs achetant à ces prix
sont ensuite liés à une structure à coût fixe qui n’est pas concurrentielle avec celle
des agriculteurs brésiliens, par exemple.
Les conditions du marché risquent d’être plus volatiles en 2008 qu’elles ne l’ont été
depuis un bon moment. Or, la volatilité peut apporter son lot de risques, mais elle
peut aussi être fertile.
Si le blé se vend 9 $ le boisseau, tous ceux qui en cultivent s’en féliciteront. Si un
producteur vendait son blé à seulement 6 $ le boisseau, il pourrait s’en vouloir de laisser
de l’argent sur la table. Ma recommandation est de voir à long terme. Les producteurs
qui ont un plan de marketing rigoureux, qui comprennent leurs coûts de production
par culture et qui peuvent se garantir un profit raisonnable se porteront bien au cours
des trois prochaines années.
Personne ne peut prédire l’évolution des prix des cultures. Mais si j’achetais des terres,
je voudrais équilibrer les comptes sur la base de 5 $ le boisseau de blé. Si les prix
montaient au-delà de ce niveau, j’utiliserais mon bénéfice non réparti pour renforcer
le plus possible mon bilan. Si les prix restent forts, vous serez capables de parer aux
coups pendant plusieurs années à venir. Des bénéfices stables seraient une « nouvelle
norme » bienvenue pour beaucoup de producteurs.
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