Les déstabilisateurs de budget
En début d’année, vous préparez généralement votre plan de match avant de rencontrer votre bailleur de fonds. Vous évaluez soigneusement vos revenus et vos dépenses, mais il y a toujours des imprévus qui grèvent les budgets, même les mieux préparés.
Vous êtes nombreux en ce moment à établir des budgets pour vos fermes et vos affaires personnelles. Au cours d’un séminaire qui réunissait des exploitants agricoles et grands éleveurs de l’Ouest du Canada et des États-Unis, j’ai demandé quels imprévus déséquilibraient le plus leurs budgets.
Les retraits personnels comptent parmi les plus grosses dépenses. Les grandes surprises viennent surtout des assurances, des frais de véhicules, du train de vie, des augmentations des frais scolaires, des urgences médicales et… de la nourriture.
Les dépenses liées au train de vie et aux véhicules sont parfois lourdes de conséquences. Un 4x4 supplémentaire, une motoneige, un voyage dans le Sud en plein hiver peuvent gonfler considérablement les retraits de fonds de votre exploitation.
La nourriture ? Les fermiers n’ont-ils pas de grands potagers ? De nos jours, 46 pour cent des repas sont pris à l’extérieur, et le café ou le restaurant après la partie de hockey de fiston finissent par coûter cher.
En ce qui concerne l’exploitation, un groupe de producteurs a indiqué que les frais de réparation et les fluctuations de revenus étaient leur pire cauchemar. Les grandes variations de revenus causées par les intempéries, les prix et les maladies, prouvent qu’il faut vraiment « planifier l’imprévisible ».
Côté dépenses, il y a les réparations imprévues ou l’augmentation des prix des engrais ou du fourrage dictée par le commerce mondial, les guerres et les querelles entre les institutions.
ALORS, QUE FAIRE ?
La solution facile serait de baisser les bras, se disant que cela ne vaut vraiment pas la peine de faire un budget ! Bien au contraire. Prenez vos dépenses des trois à cinq dernières années comme point de départ. Si vous démarrez votre exploitation, prenez les chiffres fournis par les banques ou le gouvernement. Puis, construisez trois scénarios : le meilleur, le pire et une situation moyenne en appliquant la règle des dix pour cent. Ajustez vos dépenses et vos revenus en majorant la moyenne de dix pour cent. Si vous anticipez plus, il faudra un rajustement majeur de vos budgets personnels et agricoles et, souvent, une stratégie de refinancement.
Pendant les bonnes années, essayez de vous constituer une réserve pour votre fonds de roulement (actif à court terme moins passif à court terme) équivalant à dix pour cent au moins de vos dépenses totales pour pouvoir faire face aux changements brutaux. Des comptes CSRN et le remboursement anticipé de dettes sont de bons moyens d’y parvenir.
Enfin, réfléchissez bien avant de payer tous ces imprévus avec vos cartes de crédit. C’est une solution à court terme, mais qui peut être désastreuse à long terme. Mille dollars par-ci, mille dollars par-là, et on arrive vite à 40 000 $ ou 50 000 $, avec des frais d’intérêt élevés.
Repérez les dépenses imprévues qui ont déséquilibré vos budgets dans le passé et lorsque vous faites vos calculs, demandez-vous toujours « et si … ». Préparez des stratégies pour votre fonds de roulement et votre trésorerie et planifiez l’imprévu.
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