Attention aux coûts des transactions directes
Chacun en profite lorsqu’on coupe un intermédiaire, c’est du moins la théorie. Dès que les gestionnaires agricoles commencent à transiger directement avec la population, les preneurs de prix deviennent des fixeurs de prix et ils doivent s’assurer que les prix permettent de couvrir pleinement leurs coûts de production, indique M. Laurie Baker, professeur d’économie agricole à l’Université McGill de Montréal.
Sa mise en garde vient d’une étude de l’agriculture à soutien communautaire (ASC) dans la région de Montréal, un concept de marketing direct utilisé au Japon et en Europe.
L’idée ressemble beaucoup aux contrats à terme, explique-t-il. Les agriculteurs vendent une partie de leur production à des clients qui paient à l’avance pour des cultures qui seront livrées plus tard. Les ventes à terme procurent aux agriculteurs l’argent comptant nécessaire à l’achat des intrants et, sauf récolte déficitaire, elles procurent aux clients des aliments d’une source connue et à un prix prédéterminé.
« C’est une bonne idée du point de vue financier, car on réunit le producteur et le consommateur et on élimine l’intermédiaire, » poursuit M. Baker. Selon lui, des entreprises de commercialisation dans le cadre d’ASC pourraient attirer des producteurs qui vivent près des grands marchés urbains ou des particuliers incapables de réunir suffisamment de capitaux d’emprunt.
Mais M. Baker a également découvert une faille. « Nos recherches laissent entrevoir qu’il est très facile de sous-évaluer ce qu’on vend, » souligne-t-il. « Quand on examine les données économiques, il faut être très attentif pour s’assurer de recouvrer les coûts en espèces et les coûts fixes comme les intérêts, les taxes et la dépréciation. »
« La clé, c’est de bien établir les coûts à l’avance et de veiller à ce que l’arrangement soit rentable du point de vue économique. »
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