Les repères de la réussite
Un sondage dans l’Ouest canadien est le premier du monde à
cerner les meilleures pratiques des meilleurs agriculteurs.
Les oignons cultivés sur la ferme de Rob et de Kathy Henry passent directement du champ aux détaillants du Royaume-Uni. Ce qui est plus intéressant encore, c’est que leur ferme n’est même pas située à proximité des marchés qu’ils servent. Elle est située en Tasmanie, juste au large de l’Australie, et pourtant, l’exportateur s’y rend pour récolter ses oignons.
Les oignons ne sont que l’une des 22 sources de revenus que les Henry ont développé depuis qu’ils se sont lancés dans l’agriculture il y a 25 ans. Ils cultivent des pommes de terre, des pois, du pavot pour les alcaloïdes, des légumes et des graines d’herbes, du blé et de l’orge, et de la menthe poivrée, du fenouil, du persil et de l’aneth pour les huiles essentielles. En outre, ils élèvent des moutons, du boeuf et des vaches laitières, et tout ça sur 1 100 acres.
APPRENDRE DES MEILLEURS
Qu’est-ce que cela a donc à voir avec l’agriculture au Canada ? Les Henry correspondent exactement au type d’agriculteurs sur lesquels Al Scholz veut en savoir plus. Il a suivi des agriculteurs qui ont fait leurs preuves dans l’Ouest canadien au cours des dernières années et a écrit à leur sujet. Il croit aussi que nous avons beaucoup à apprendre des producteurs des autres pays.
M. Scholz est chef de projet du Best Practice Group, un consortium ouest canadien de conseillers en gestion et en recherche dans le domaine de l’agriculture qui étudie ce qui caractérise les meilleurs agriculteurs. Les autres membres du groupe sont Terry Betker, Meyers Norris Penny et Darrell Toma, de Toma and Bouma Management Consultants, et Corrin Harper, d’Insightrix Market Research. Grâce à un financement substantiel du Fonds canadien d’adaptation et de développement rural du gouvernement fédéral, l’organisme a pu étudier 150 des meilleurs agriculteurs de l’Ouest canadien. Les résultats ont été
présentés dans une série de conférences portant sur les meilleures pratiques des meilleurs agriculteurs, tenues à Winnipeg, Saskatoon et Calgary en février dernier. Le couple d’agriculteurs de Tasmanie a été parmi les conférenciers vedettes invités à la série de conférences de cette année.
« Nous voulons comprendre ce que les meilleurs agriculteurs canadiens font différemment des autres pour maintenir leur rentabilité, afin de créer un bloc de connaissances que les autres agriculteurs, les responsables des politiques et les éducateurs pourront utiliser », dit M. Scholz.
« Mais nous voulons aussi redonner cette information à ces mêmes meilleurs agriculteurs pour qu’ils puissent former un réseau et devenir encore meilleurs dans leur domaine. C’est essentiel si l’industrie agricole canadienne veut demeurer novatrice et concurrentielle sur l’échiquier mondial. La marée montante soulève tous les bateaux.
FORMULER ET INTÉGRER
Des 150 agriculteurs interrogés, 40 se démarquaient vraiment. M. Scholz a noté que ces producteurs veillaient avec diligence à ce que chaque détail soit pris en considération dans l’exploitation de leur ferme. Tous avaient des plans d’affaires, de relève et de gestion des risques consignés par écrit. Bon nombre avaient formulé des plans pour trois, cinq voire vingt ans. En outre, plusieurs avaient rédigé des descriptions de tâches et des manuels d’exploitation, et avaient intégré tous les membres de leur famille à certains aspects de leurs activités.
« Des meilleurs 25 %, ceux qui réussissent le mieux ont dit qu’ils participaient activement à une forme ou à une autre de programme vertical de valeur ajoutée, ce qui avait une incidence directe sur leur rentabilité », a dit M. Scholz. Sur le plan du marketing, près de 80 % possèdent un programme de marketing ordonné, plus de 70 % vendent directement aux usines de transformation pour la distribution, et juste un peu moins de la moitié vendent leurs produits dans d’autres provinces.
Ces agriculteurs savent exactement à combien s’élèvent leurs coûts de production, calculent la rentabilité par unité opérationnelle et ont bâti une solide équipe de gestion qui complète leurs capacités, en s’entourant notamment d’avocats, de prêteurs, de comptables et de conseillers en marketing.
Le Best Practice Group prévoit suivre ces mêmes 40 agriculteurs pendant les dix prochaines années, et les interviewer une fois par année pour mieux comprendre comment ils planifient, font des ajustements et continuent à être rentables malgré les hauts et les bas du marché et de la météo.
Cela dit, l’Ouest canadien, ce n’est qu’un début. Scholz et ses partenaires prévoient étendre le programme à l’échelle du Canada plus tard ce printemps puis le porter à l’échelle internationale l’an prochain en commençant par l’Australie.
« Bien que l’Australie ait déjà accompli un certain travail en la matière, personne d’autre dans le monde ne réalise le type d’évaluation quantitative que nous faisons. Aller en Australie constitue la prochaine étape logique parce que et nous avons tellement de choses en commun avec eux », a ajouté M. Scholz.
COMMENT VOUS MESUREZ-VOUS ?
Si vous voulez savoir comment vous vous classez par rapport aux meilleurs agriculteurs de l’Ouest canadien, utilisez l’outil d’autoévaluation proposé au www.bestpracticeofleadingfarmers.com. Ce site contient aussi des mini-études de cas des meilleurs agriculteurs. Vous pouvez donc découvrir des exemples concrets de meilleures pratiques.
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