De solides fondations
La gestion agricole repose sur des décisions fondamentales solides, selon un conseiller dans le domaine
Vous êtes autour de la table de cuisine avec votre conjoint ou votre conjointe, vos parents et vos frères et sœurs. Vous êtes réunis pour prendre certaines décisions concernant l’avenir de votre exploitation agricole. Devez-vous acheter ou louer d’autres terres? Qu’en est-il du bétail? Acheter des machines ou partager avec votre voisin? Embaucherez-vous quelqu’un pour le moissonnage-battage ou le ferez-vous vous-mêmes?
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Peter Reese, conseiller en gestion agricole
« Les producteurs doivent savoir la différence entre l’agriculture dictée par le produit et celle axée sur la prospérité. »
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Peter Reese, conseiller en gestion agricole du Wisconsin, travaille avec des producteurs et des organismes de gestion agricole afin de leur proposer des outils pratiques qu’ils peuvent utiliser pour relever les défis de l’agriculture. Pour lui, une bonne gestion agricole s’appuie sur des décisions fondamentales solides qui soutiennent un cadre de gestion.
Les producteurs doivent d’abord savoir pourquoi ils sont en affaires, pour qui ils sont en affaires, quelles sont leurs affaires et, finalement, qui sont leurs clients. « Si vous avez pris des décisions fondamentales sur ce que vous faites, pourquoi vous le faites et pour qui vous le faites, il devient plus facile de prendre des décisions concernant l’achat, la location, l’emprunt et toutes les choses qui permettent à une entreprise de bien fonctionner, » explique M. Reese.
Dictée par le produit ou axée sur la prospérité
Selon M. Reese, « les producteurs doivent savoir la différence entre l’agriculture dictée par le produit et celle axée sur la prospérité. La première insiste sur l’effort et le rendement tandis que la deuxième met l’accent sur l’efficience et le rendement des investissements. »
« Pour s’engager dans une agriculture axée sur la prospérité, il faut mettre de côté les symboles de réussite que sont les larges bandes de terres, les énormes cellules à grains et le matériel surdimensionné, » poursuit-il. « Les agriculteurs doivent plutôt adopter la substance de la durabilité : gestion judicieuse du risque, maîtrise des ressources par opposition à propriété, et gestion créative assortie aux immobilisations.
« Certains des agriculteurs les plus prospères que je connais limitent leurs investissements en immobilisations et, lorsqu’ils font des achats, ils paient comptant. D’autres préfèrent la location afin d’éviter l’obsolescence de la technologie qui les guette dans cinq ou sept ans. Normalement, ils s’appuient sur une combinaison de ces deux stratégies. »
Les investissements doivent être analysés dans le cadre d’un horizon relativement court par rapport à une longue période de récupération, dit-il. Pour illustrer cela, il donne l’exemple des leçons qu’ont tirées les producteurs de porc et de volaille à contrat lorsqu’ils ont construit des installations d’élevage en claustration qui ont pris beaucoup plus de temps à rembourser que la durée des contrats sur lesquels elles reposaient.
Que se passe-t-il?
Pour M. Reese, les véritables décisions fondamentales sont souvent celles que les producteurs évitent parce qu’ils examinent les symptômes de ce qui se passe plutôt que les causes profondes.
Selon lui, les producteurs canadiens et américains ne peuvent plus maintenir une position de coûts très bas et de rendements très élevés. « Notre force doit être la capacité de prévoir les besoins mondiaux et d’être les leaders en matière de transformation et de conditionnement des produits agricoles. Cela crée des marchés captifs pour les céréales et le bétail de qualité du Canada tout en ajoutant de la valeur que d’autres pays ne peuvent reproduire. »
Par contre, il affirme que bon nombre d’agriculteurs attendent que les gouvernements adoptent des lois qui leur permettront de renouer avec la rentabilité. Il fait cependant une mise en garde : « vous échouerez si vous attendez que cela se produise. On ne peut se contenter d’attendre que des lois stipulent que les agriculteurs doivent demeurer en affaires, Malheureusement, nos gouvernements ont oublié combien les disponibilités alimentaires nationales sont importantes. »
Faire partie de l’équipe
Les agriculteurs adorent leur indépendance mais, en matière de finances, faire cavalier seul peut mettre le bien-être financier en péril.
« Le temps est venu pour les agriculteurs d’accueillir leurs conseillers financiers au sein de l’équipe de gestion agricole, » soutient M. Reese. « Les producteurs doivent pouvoir compter sur le moindre avantage et la moindre ressource qu’ils puissent obtenir. Ces gens sont des ressources incroyables. Nous devons mettre ces cerveaux financiers à profit dans nos entreprises. »
Les agriculteurs prospères ont une philosophie de l’agriculture, le courage de croire en leur propre approche et un cadre sur lequel ils appuient leurs décisions.
« Je mets les gens au défi de faire deux pas en arrière avant d’en faire un en avant, » conclut M. Reese. « Une fois que vous avez pris ces décisions fondamentales, il est beaucoup plus facile de savoir le chemin qu’il faut emprunter ou s’il faut rester sur place. Mais plus important encore, vous avez les bases nécessaires pour prendre ces décisions difficiles. »
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