Mise en marché d’une bonne idée
Comme il n’arrivait pas à trouver le releveur
d’épis qu’il voulait, il en a inventé un.
La culture des lentilles et des pois peut
rapporter gros, mais la récolte n’est pas facile
vous diront bon nombre de ceux qui s’y sont
essayés. Parlez-en à Dave Dietrich, un
producteur de légumineuses d’Assiniboia,
en Saskatchewan.
Il y a de cela plusieurs années, M. Dietrich
avait monté sur sa moissonneuse un
releveur allemand dont on disait monts
et merveilles et était parti ramasser ses
lentilles. Il avait à peine parcouru une
centaine de mètres quand il s’est aperçu que
quelque chose n’allait pas. Près de la moitié
des lentilles étaient encore dans le champ.
Après deux jours à bricoler le releveur, il a
enfin pu ramasser sa récolte normalement.
Il avait en plus trouvé un très bon truc.
Les secrets de la réussite
M. Dietrich fabrique et vend maintenant
son propre système pour relever les épis,
qui comprend deux parties.
Il vend le releveur sous la marque
Flexxifingermc, et le mécanisme d’attache,
sous le nom QDmc (Quick Detach).
Beaucoup de producteurs trouvent de
bonnes idées pour simplifier leur travail,
mais il est rare que leurs innovations se
transforment en produits monnayables.
M. Dietrich attribue sa réussite à plusieurs
facteurs.
Des objectifs clairs. « Je voulais un releveur
qui travaille avec délicatesse, avant et après
la coupe, explique-t-il. Je voulais aussi qu’il
puisse s’adapter à la configuration du
terrain, qu’il soit facile à entretenir et à
détacher et attacher ». Ces quatre conditions
ont guidé toute la mise au point, qui s’est
étalée sur plusieurs années.
Des essais poussés. M. Dietrich a fait
essayer plusieurs variantes du Flexxifinger
à ses amis et voisins. Leurs suggestions
lui ont permis d’améliorer peu à peu son
appareil pour l’adapter aux divers usages
que voulaient en faire les producteurs.
Par prudence, il avait demandé à tous les
participants au projet de signer une entente
de confidentialité.
Protection juridique. Il y a trois ans, il a
demandé un brevet pour le releveur et
l’attache pour accessoire et fait enregistrer
les marques Flexxifinger et QD. Cela devrait
le protéger contre des produits concurrents
qui utilisent une technologie semblable.
Quand le Flexxifinger et le QD seront
bien établis sur le marché canadien
des légumineuses, il pense adapter sa
technologie au canola et aux céréales. Et
comme il est conscient de l’énorme marché
potentiel de l’autre côté de la frontière, il a
commencé à faire connaître ses marques
et à les distribuer aux États-Unis.
La réussite de M. Dietrich vient certes de
son idée astucieuse et de son programme
de mise au point intelligent, mais aussi de
sa volonté acharnée à faire de son produit
un succès commercial. Cette attitude positive l’a soutenu tout le temps où la
réussite paraissait bien lointaine.
« Je voulais régler un problème qui me
gênait directement dans mon travail de
producteur ; je ne trouvais pas de
machine capable de faire ce que je
voulais, explique-t-il. Je n’ai jamais songé
à abandonner. Quand on se lance dans un
projet comme celui-là, il faut simplement y
travailler un peu chaque jour. On ne peut
jamais se dire que ça y est, on a réussi.
D’ailleurs, je ne pense toujours pas que j’ai
fini. Je continue de fignoler mon système
pour l’améliorer constamment. »
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