Le plastique laisse parfois des cicatrices
S’il est facile de s’endetter avec une carte de crédit, il devient parfois difficile de s’en sortir. Voici quelques conseils de David Kohl sur la gestion efficace du plastique.
Bon nombre d’entre vous connaissent cette sensation. Les fêtes de fin d’année sont choses du passé et le long hiver est bien installé. Vous montez sur la balance et vous rougissez : vous avez pris cinq ou dix livres. Elles sont tellement faciles à gagner mais si difficiles à perdre! C’est un peu ce qui se passe dans le cas du crédit et de l’endettement, surtout en raison de la facilité d’accès et de la commodité qu’on connaît aujourd’hui.
L’endettement par carte de crédit chez les producteurs agricoles et dans la population en général est un des faits marquants des années 1990. En effet, au début de la décennie, 32 % des ménages affichaient un solde de carte de crédit légèrement supérieur à 2 000 $. À la fin de la décennie, le pourcentage des ménages avait presque doublé et le solde avait quadruplé à près de 8 000 $.
Où est le problème?
Bon nombre de personnes se demandent pourquoi un solde de carte de crédit de 4 000 $ constitue un problème quand elles détiennent une hypothèque agricole de 200 000 $ ou un prêt pour matériel et bétail de 100 000 $ auprès d’une banque.
Les cartes de crédit sont d’excellents instruments d’emprunt si elles sont utilisées avec prudence. Je considère que les étudiants universitaires devraient posséder au moins une carte de crédit, car elle devient une nécessité s’ils voyagent ou font des achats par téléphone ou sur Internet. Elle peut aussi servir à établir et à améliorer la cote de crédit.
Nombre de producteurs utilisent leurs cartes de crédit comme moyen de financement pratique et à faible intérêt, surtout pendant les périodes de lancement. Certains ont découvert les avantages que procurent les points de grand voyageur et autres incitatifs pour s’offrir les vacances ou le nouveau camion tant convoités. Cependant, selon mes observations personnelles, pour une personne qui réussit à faire cela, dix autres y parviennent difficilement.
Les écueils
Depuis quelques années, je note un endettement accru par carte de crédit dans les bilans. Oui, vos prêteurs vous demandent de divulguer une telle information soit dans votre bilan personnel soit dans celui de votre entreprise. J’ai rencontré un céréaliculteur qui possédait 97 cartes différentes pour un endettement total de 505 000 $. Bien qu’il s’agisse d’un cas particulier, il n’est pas inhabituel de voir des soldes de 15 000 $ à 20 000 $.
Le problème survient lorsque les soldes atteignent un niveau inacceptable. Règle générale, si le solde dépasse le quart de la moyenne sur cinq ans de votre revenu agricole et non agricole net, il s’agit d’un feu jaune ou d’un signe d’avertissement. Si le solde dépasse la moitié d’une telle moyenne, c’est un feu rouge ou une situation critique quant à la gestion de l’endettement à court terme. La faillite ou le refinancement contre les capitaux propres peuvent faire énormément de tort à votre cote de crédit ou la ruiner pendant au moins dix ans.
Les prêteurs n’examinent pas les soldes mais la limite de crédit de chacune des cartes. Par exemple, si vous détenez quatre cartes dont la limite est de 20 000 $ chacune, vous possédez une marge de crédit non garantie de 80 000 $ que vous pouvez utiliser à votre discrétion. Si vous avez déjà connu des problèmes de remboursement de marges de crédit institutionnelles ou de soldes de cartes de crédit, on en tient également compte.
Et n’oubliez surtout pas les soldes des cartes de crédit de votre conjoint. Au cours des dernières années, on a assisté, au moment de l’analyse des antécédents en matière de crédit, à des cas où un conjoint découvrait une utilisation abusive d’une carte de crédit par l’autre. Une telle situation se traduit habituellement par des discussions et des échanges très animés!
Il faut prêter une attention particulière à l’utilisation abusive des cartes de crédit chez les jeunes. Aux États-Unis, par exemple, l’étudiant universitaire moyen affiche un solde de 1 800 $. Mais il n’est pas rare de constater des soldes de 5 000 $ à 20 000 $. D’autres analyses ont permis de découvrir que les cartes de crédit ne servaient pas uniquement à l’achat de livres, mais aussi aux vacances ou à l’achat d’aliments et aux divertissements.
La règle de Jordan
L’une de mes leçons favorites pour les jeunes est la règle de Michael Jordan sur l’endettement par carte de crédit. Voici comment elle fonctionne : si vous utilisez votre carte de crédit pour acheter un ordinateur de 2 000 $ et que vous n’effectuez que les versements minimums à 18 % d’intérêt, il vous faudra 23 ans pour rembourser votre dette (Michael Jordan portait le numéro 23). Prenez le même versement minimum, investissez-le dans un fonds commun de placement dont le rendement est moyen et, 23 ans plus tard, vous aurez presque 40 000 $. Ah, le pouvoir du crédit, de la gestion du placement et de la jeunesse – quand le temps travaille pour vous!
Réflexions finales
Oui, les cartes de crédit sont un instrument de crédit utile et pratique ainsi qu’un moyen d’améliorer sa réputation en matière de solvabilité. Mais, tout comme le chandail ample qui cache dix livres en trop, elles peuvent aussi dissimuler des problèmes de trésorerie – personnelle ou commerciale – de mauvaises décisions de placement ou des achats excessifs effectués sur le coup de l’émotion. Quand vient le temps de monter sur la balance ou d’ouvrir son relevé de carte de crédit, le manque de discipline peut être problématique, même pour les meilleurs d’entre nous!
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