L’éthanol sera-t-il la manne promise ?
Les producteurs de maïs ontariens ont beau avoir une usine de fabrication d’éthanol près de chez eux, elle ne leur a pas encore apporté l’opulence.
Si vous êtes producteur de maïs,
l’ouverture d’une usine d’éthanol au coeur
du pays du maïs ne peut être que bonne
pour vos affaires.
L’usine d’éthanol St. Clair, la plus grande
du pays, a ouvert à Sarnia, en Ontario, le
31 août. Elle devrait produire 200 millions
de litres d’éthanol par an et consommer
20 millions de boisseaux de maïs. C’est
plus de dix pour cent des 184 millions de
boisseaux que les fermiers ontariens ont
produit en 2004/2005.
Selon Ryan Brown, si, en théorie, l’éthanol
représente une immense manne, en
pratique, l’accès à ce nouveau marché
ne sera pas nécessairement facile pour les
producteurs. Il fait notamment remarquer
que l’usine a utilisé de fortes quantités
de maïs américain pendant les premières
semaines de production.
« Nous soutenons l’industrie de l’éthanol,
explique M. Brown, directeur général
intérimaire de l’Association des producteurs
de maïs de l’Ontario. Mais ce qui nous
inquiète, c’est l’ouverture de notre marché
intérieur au maïs américain subventionné
et vendu à bas prix. Il ne sera pas facile de
faire en sorte que la production d’éthanol
profite vraiment aux producteurs
canadiens. »
Les producteurs sont divisés sur les effets de l’éthanol
À première vue, l’éthanol sera une vraie
manne pour les producteurs de maïs.
Selon le New York Times, on construira
39 nouvelles usines d’éthanol aux
États-Unis d’ici la fin de 2007.
Ces nouvelles installations produiront
1,4 milliard de gallons d’éthanol par an.
Les capacités de production américaines
pourraient atteindre 5 milliards de gallons
par an en 2007, 8 milliards en 2008 et
11 milliards en 2010.
On estime que la croissance des capacités
de production absorbera environ 20 pour
cent du maïs américain qui sera produit en
2006/2007. Cette proportion pourrait passer
à 35 pour cent en 2009/2010. Et comme
les superficies pour les autres récoltes
baisseront, en théorie, le marché réagira
en offrant des prix nettement plus élevés
aux producteurs.
Or, au cours d’une conférence devant
la Commission ontarienne de
commercialisation du blé, en août,
FCStone Group, un courtier de denrées
des États-Unis, a exprimé un point de
vue radicalement différent.
« Ils ont dit que dans dix ans, l’incidence
sur les superficies pourrait être relativement
faible, explique M. Brown. Les superficies
de maïs devraient augmenter un peu et
celles de soja baisser, mais comme les
rendements de maïs augmenteront et
que l’expansion de l’industrie de l’éthanol
ralentira, les États-Unis devraient se
retrouver avec des surplus et donc exporter
encore du maïs. »
Pour M. Brown, la hausse de la demande
sera d’un faible réconfort pour des
producteurs qui pensent que les prix
sont maintenus artificiellement bas. Les
producteurs ont certes souffert de la vigueur
du dollar canadien, mais il estime que
le plus gros problème est le U.S. farm bill,
responsable des excédents de maïs qui font
baisser les prix. Les subventions américaines
pourraient être réduites avec la venue
de la nouvelle loi agricole de 2007. D’ici là,
il n’y a rien d’autre à faire que d’attendre.
« Je dirais que nous conseillons à nos
membres, qui espèrent que l’industrie de
l’éthanol résoudra les problèmes de revenus
dont ils souffrent actuellement, de faire
preuve d’un optimisme prudent. »
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