Quelques réflexions de M. Kohl
L’économiste agricole, David Kohl, signale deux événements à surveiller cette année.
David Kohl a fait récemment une présentation devant des clients du secteur agricole de RBC Banque Royale, à Swift Current, dans le sud-ouest de la Saskatchewan. Avant comme après sa présentation, la plupart des agriculteurs n’avaient qu’une question : Qu’allaient devenir les prix de l’énergie ?
« Le prix du pétrole et de l’énergie est la grande préoccupation des producteurs agricoles en Amérique du Nord, dit M. Kohl. Tout le monde veut savoir si l’envolée des prix n’est qu’un phénomène passager ou une nouvelle réalité qui va durer. »
M. Kohl estime qu’environ 80 pour cent des frais d’exploitation agricoles dépendent des prix du pétrole et du gaz naturel. Les variations des prix de ces ressources sur le marché mondial se répercutent sur tout : les engrais, les produits chimiques utilisés dans l’agriculture, les carburants et les lubrifiants. L’Amérique du Nord a eu, en septembre dernier, un petit avant-goût d’une crise de l’énergie au XXIe siècle, lorsque l’ouragan Katrina a gravement endommagé la capacité de production des raffineries américaines.
M. Kohl conseille aux producteurs de s’adapter et de planifier. « Je crois que les prix de l’énergie vont fortement fluctuer au cours des cinq prochaines années, avec une tendance peut-être plus marquée à la hausse, dit-il. Les agriculteurs devront prendre cette instabilité en compte dans leurs cycles de planification, car cela aura des répercussions sur leurs recettes. »
Les effets du Farm Bill américain se feront sentir ici
Le Farm Bill 2002, approuvé par le Congrès américain en 2001, avait considérablement augmenté les subventions agricoles par rapport à la loi antérieure. Mais, les législateurs américains qui travailleront en 2006 sur le Farm Bill 2007 seront confrontés à des problèmes qui n’existaient pas en 2001. Les mesures de sécurité prises après les attentats du 11 septembre, les opérations militaires en Irak et en Afghanistan et trois ouragans très dévastateurs – tout cela a creusé le déficit budgétaire fédéral, qui est estimé à plus de 400 milliards de dollars pour 2005. Quelqu’un doit donc se sacrifier, et, pour M. Kohl, ce sera très probablement l’agriculture.
« La situation n’est plus la même aujourd’hui, explique-t-il. Les déficits sont trop élevés et les États-Unis doivent montrer une certaine ouverture aux discussions de l’Organisation mondiale du commerce. Les législateurs vont donc sabrer dans les subventions agricoles, c’est sûr. Les programmes pourraient être coupés de 40 % à 50 %. »
La baisse des subventions américaines pourrait élargir les débouchés des producteurs canadiens. En effet, le Farm Bill peut avoir une influence assez considérable sur les prix et donc sur les cultures que les fermiers américains choisiront. La baisse des subventions pour le soja de l’autre côté de la frontière pourrait donner un coup de pouce aux producteurs canadiens de canola.
M. Kohl recommande fortement aux producteurs canadiens de suivre de près ce qui se passe aux États-Unis et dans le monde, car un événement en un point du globe finit par se propager à l’autre bout du monde.
« Pensez à l’ouragan Katrina, dit-il. Il a eu un effet immédiat sur les prix de l’essence au Canada et sur les primes d’assurance, et ce, jusqu’en Europe. Nous vivons à l’ère de la mondialisation et quand quelque chose se passe quelque part, il faut rester sur le qui-vive, car les effets vont se faire sentir ailleurs sur la planète. »
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